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les doctrines chimiques en france

Les alcalis se reconnaissent expérimentalement parce qu’ils font effervescence avec les acides ; la théorie chimique doit expliquer ce phénomène. « Cet effet, dit Lémery, peut faire raisonnablement conjecturer que l’alcali est une matière composée de parties roides et cassantes, dont les pores sont figurés de façon que les pointes acides y étant entrées, elles se brisent et écartent tout ce qui s’oppose à leur mouvement, et selon que les parties qui composent cette matière sont plus ou moins solides. Les acides trouvant plus ou moins de résistance, ils font une plus forte ou une plus faible effervescence. »*

Il y a, dit Lémery, plusieurs alcalis différents, comme il y a plusieurs acides qui varient, les uns par la plus ou moins grande profondeur de leurs pores, comme les autres, par la plus ou moins grande subtilité de leurs pointes ; aussi, réagissent-ils différemment les uns des autres… Quel est le résultat de leur combinaison ?

« L’acide et l’alcali, dit Lémery, se détruisent tellement dans leur combat, que, quand on a versé peu à peu autant d’acide qu’il en faut pour pénétrer un alcali dans toutes ses parties, il n’est plus alcali quoique vous le laviez pour le priver d’acide, parce qu’il n’a plus les pores disposés comme il avait[1] ; et l’acide rompt ses pointes, en sorte, principalement, que quand on le veut retirer, il a perdu

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