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les doctrines chimiques en france

prolongement nécessaire, et qui, comme elle, attaquait les dogmes de la philosophie des anciens. Déjà, nous l’avons vu, Robert Boyle[1], au nom de la saine méthode scientifique, avait fait cette confusion étrange entre le mécanisme et l’empirisme ; la forme de la philosophie de ce temps-là, les découvertes microscopiques et les espoirs immenses que ces découvertes provoquaient, semblaient justifier absolument ce point de vue que Lémery adopte à l’exemple du célèbre savant anglais. « Je ne me préoccupe, dit-il, expressément d’aucune opinion qu’elle ne soit fondée sur l’expérience[2]. »

Mais le domaine réservé à la chimie est si vaste qu’un seul savant ne saurait prétendre l’explorer, et il ne conduit à aucun belvédère d’où la vue puisse contempler l’ensemble du terrain que la théorie doit parcourir. Et cependant les savants ont constamment désiré que quelque principe général et simple leur serve de guide et leur fasse éviter les obstacles contre lesquels leurs expériences les projettent, ou les impasses dans lesquelles leur pensée s’engage.

Or la pure doctrine mécanique que Robert Boyle avait admise, en proclamant l’unité de la matière, si elle permettait d’interpréter chaque expérience particulière, n’établissait aucune hiérarchie entre les diverses expériences qui paraissaient n’avoir entre elles aucun lien, et la doctrine atomistique, que pré-

  1. Voir chap. précédent.
  2. Préface.