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la théorie de lémery

tient un sel acide et un soufre qui, ensemble, le rendent vomitif[1]. » Écoutons le développement de cette proposition étrange qui paraîtrait inintelligible à celui qui ignorerait tout d’abord qu’il s’agit là du sulfure d’antimoine, et qui ne connaîtrait pas l’importance que les médecins d’alors donnaient à la philosophie mécanique.

« Quoiqu’on n’aperçoive dans l’anatomie[2] qu’on fait de l’antimoine qu’une substance métallique mêlée de beaucoup de soufre, néanmoins, en considérant sa figure approchante de celle du salpêtre et son effet vomitif, qui ne peut provenir que de quelque picotement qu’il donne à l’estomac, on a sujet d’assurer qu’il contient un sel acide ; mais comme les pointes de cet acide sont enveloppées dans une trop grande quantité de soufre, il n’est pas disposé à agir de toute sa force, si on ne lui ouvre passage, ou par des sels qui écartent ce soufre, ou par la calcination qui en enlève le plus grossier, ce n’est pourtant pas par là qu’on doive entendre que le vomitif de l’antimoine consiste en ce sel seulement ; car s’il était seul, il ne produirait point cette action, non plus que les autres sels acides ; mais il est aidé par une portion de soufre qui lui sert de véhicule pour l’exalter vers l’orifice supérieur de l’estomac et pour le retenir quelque temps comme colle contre

  1. Page 265.
  2. Décomposition, p. 265.