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la théorie de lémery

vitriol avait entraînées dans la distillation et qu’elle tenait comme enveloppées ; car ces corps de feu étant environnés par des sels très pesants et difficiles à raréfier, ils poussent avec impétuosité ce qui s’oppose à leur passage, et lorsqu’ils ne peuvent pas sortir par le haut de la fiole et exciter le bouillonnement, la fiole se rompt par le grand effort qu’ils font en bas et au côté.

On dira peut-être que je suppose gratis que l’huile de vitriol contienne des parties de feu ; mais si l’on considère la violence du feu et le temps qu’on emploie à tirer cet acide, on n’aura pas de peine à m’accorder cette supposition ; outre qu’il serait bien difficile d’expliquer la grande et brûlante corrosion de l’huile de vitriol sans admettre ces parties de feu, car le vitriol n’a en lui rien d’approchant de ce caustique : il est vrai qu’il contient du phlegme, du soufre et de la terre, mais il est impossible que cet acide se manifestât davantage s’il était, dans le vitriol, aussi corrosif comme il l’est dans l’huile[1]. »

Quand Lémery rencontre, ainsi que dans le cas ci-dessus, une difficulté insurmontable à sa manière habituelle de voir les choses, il veut quand même les expliquer ; comme les cartésiens et dans l’ivresse que procure l’exercice de la pensée, il ne saura rien ignorer ; jamais il ne laissera à un rival plus heureux ou à un avenir plus éclairé, le soin d’in-

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