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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

pour pouvoir sainement apprécier la chimie d’une époque, nous la replacerons dans le milieu où elle a pris naissance et où elle s’est développée.

Si nous examinons sans parti pris la plupart des « Cours de chimie » que le public possédait vers 1675, nous constaterons facilement qu’ils ne sont nullement écrits dans ce style mystérieux et obscur que Fontenelle leur reprochait. Quelques auteurs certes, tels Davidson et Barlet, considérèrent leur science comme le prolongement d’une métaphysique que l’érudition de l’un, et l’imagination de l’autre rendent difficilement accessible au lecteur non initié. D’autres, tel Étienne de Clave, voulurent justifier leur théorie chimique par des arguments philosophiques, mais ces arguments se comprennent avec quelque attention et ils ne semblent à aucun moment énigmatiques. Beaucoup d’ouvrages cependant nous sembleront seulement techniques. Écrits spécialement pour des médecins et des pharmaciens, leur influence ne dépassera pas le cercle restreint de praticiens auxquels ils s’adressent, et nous verrons que l’« honnête homme » dédaignera d’appliquer son esprit à des choses si particulières. Les expériences lui sembleront faites sans motif théorique ; le chimiste paraîtra plus curieux que philosophe et plus commerçant que curieux ; de plus, comme les instruments dont le chimiste fait usage ne sont pas des instruments de précision, comme son langage est rempli de termes vagues difficiles à définir, la chimie admirée en principe trou-