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les doctrines chimiques en france

concept de « combustion » n’était alors qu’en formation ; avant les travaux de Stahl, avant les travaux même de Macquer, Scheele et Lavoisier, s’il était courant de parler de corps qui brûle ou de corps brûlé, aucune notion, précise n’était venu se substituer à cet aperçu du sens commun ; et la théorie toute entière était trouble et inconsistante… Mais il y avait de cela une raison encore plus forte. Qu’est-ce que les chimistes d’alors pensaient définir par le mot air ? La théorie des quatre éléments avait perdu de son prestige ; et seule, parmi les philosophies courantes, elle admettait que l’air puisse entrer dans la composition des mixtes. Les médecins paracelsistes virent partout du sel, du soufre et du mer cure et ne parlèrent aucunement de l’air ; Étienne de Clave qui, aux trois principes spagyriques, ajouta la terre et l’eau, est un peu plus explicite ; il considère l’air comme un corps simple inaltérable, indécomposable, mais non comme un élément, car, à son avis, l’air est incapable de se combiner avec les autres corps simples. C’est un être passif qui remplit l’espace inoccupé par les mixtes. Van Helmont, lui, suppose que toutes les substances, quelles qu’elles soient, sont des modifications de l’eau ; les gaz aériformes eux-mêmes qui remplissent l’atmosphère sont dus à une évaporation ou à une subtilisation de cette même eau ; cependant l’atmosphère même, bien qu’elle se laisse pénétrer par des gaz, est formée d’un autre élément, l’air inaltérable,, immuable, véritable hypostase de l’espace ayant beaucoup d’analogie avec