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essai sur la chimie expérimentale

par quelque maître aussi bien Cardan, que Caesalpin ou Scaliger ; puis, il croit pouvoir démontrer que l’eau peut se transmuer en air, et que la pesanteur[1] de l’air n’est pas constante ; c’est donc la partie la plus lourde de l’air qui s’attache aux molécules d’étain.

L’argumentation n’a pas immédiatement convaincu le père Mersenne qui lui fait l’objection suivante : « D’ailleurs l’or et l’argent devraient augmenter de poids à la fonte et à la calcination, si l’étain y augmente à cause de l’épaississement de l’air, ce qui n’arrive pas : que si vous trouvez que la suie de Ceasalpin occuperait trop de place, l’air est encore plus rare que la suie, quelque épaisseur que vous lui donniez, car il demeure toujours si rare qu’il est invisible et impalpable[2]. »

Ainsi l’une des raisons pour lesquelles le chimiste refusait d’admettre la théorie de Rey est qu’il ne put imaginer comment l’air qui occupe un grand volume peut se condenser en un si petit espace ; toutefois dans toute autre hypothèse, il y aurait à lever de grandes difficultés aussi ; et Mersenne, en résumant la discussion, semble être en définitive favorable à l’opinion de son correspondant[3] .

« … Quant à la solution de la difficulté, dit-il,

  1. Dans le sens de « densité » et non dans celui de « masse » dont Rey parlait au début.
  2. Lettre à Jean Rey. Ed. Rey, 1779, p. 107.
  3. Cette question du P.  Mersenne aurait, d’après Gobet, été publiée en 1634.Ed. Rey, 1779, p. 79-80.