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les doctrines chimiques en france

combustibles connus. Mais ce mot de phosphore ne s’appliquait pas uniquement comme aujourd’hui à un corps chimique défini ; la luminosité étrange qui lui avait valu son nom se retrouve, quoique à un moindre degré, dans un grand nombre d’autres matières que la chimie étudie : les vers luisants, le bois pourri, les insectes qui donnent la phosphorescence à la mer par exemple ! L’on fut conduit bientôt à admettre que, dans tous les cas, la lumière dégagée est due à une cause identique. Et l’Académie de Bordeaux proposa comme sujet de concours : « Dissertation sur la cause de la lumière des phosphores et des noctiluques[1]. » D’autres savants comparèrent le phénomène du phosphore à celui de l’éclair et du tonnerre[2] ; bref, il fut appelé à expliquer les faits météorologiques que la théorie courante supposait incompréhensibles ! Ce fut la chimie aussi qui fut chargée de donner au géographe la raison d’être des volcans ; Lémery[3] en fit des modèles réduits avec un mélange de soufre et de limaille de fer, préparé dans certaines conditions, et crut, par ce procédé artificiel, avoir retrouvé les causes des principales curiosités de la Nature.

Mais il faut reconnaître, que, en général, la chimie devenue plus modeste, n’ambitionnait plus de fournir à l’esprit humain une théorie générale de la matière et du monde, et qu’elle se confinait de plus en plus

  1. 1717. Le prix a été remporté par Dortous de Mairan.
  2. TP.
  3. ADS, 1701-2.