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triomphe et éparpillement des philosophies

plutôt encore au nitre.qui forme avec la glace des mélanges réfrigérants ?[1] Si cela est, cette matière du froid jouerait un rôle dans les réactions chimiques et pourrait être mise en évidence. Mais, sur ce point, les savants n’étaient point arrivés à un accord, et les amateurs réunis chez l’abbé Bourdelot laissent deviner l’hésitation de leur pensée. « Il est bien plus aisé, font-ils observer, de sentir le froid que d’en découvrir la cause. On sait bien qu’il est produit par quelque matière, dont la figure doit nécessairement être propre à fixer, à empêcher le mouvement ; ce sont véritablement des petits corps nitreux qui, se fichant dans nos chairs, font aux humeurs et aux esprits ce que les pieux et les pilotis font pour retenir ta terre mouvante et affermir le terrain ; mais de dire quel est le sujet de cette matière et si c’est l’air, l’eau ou la terre, c’est ce qu’on ne peut faire ; on peut bien dire qu’il y a partout dans l’air, dans l’eau et dans la terre des petits corps épandus, lesquels ayant cette figure longue et pointue produisent les effets qu’on attribue au froid[2]. » Mais le froid est-il véritablement une substance accessible au chimiste ? Borrichius, comme d’autres, le nie expressément[3]. S’il n’est pas un corps existant, ne serait-il qu’un phénomène dû à l’absence de particules de chaleur[4] ? Ou

  1. Académie del Cimento COL, vol. i. ire expérience.
  2. Com i, page 28.
  3. Actes de Copenhague.
  4. Boyle, on the positive or privative nature of cold.