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triomphe et éparpillement des philosophies

« Le sel est une matière qui se dissout dans l’eau et qui fait une impression piquante sur la langue ; il y en a principalement de deux sortes ; l’un est acide et l’autre alcali. Le sel acide est celui dont « chaque partie est un corps oblong, pointu ou tranchant par ses deux extrémités et qui excite un sentiment d’aigreur sur la langue. Le sel alcali est celui dont une des plus petites parties est un corps raboteux inégal, percé, poreux, et qui excite sur la langue un sentiment d’âcreté[1]. »

Mais cela n’est qu’un aperçu ; le savant peut essayer de donner aux particules acides une figuration plus détaillée qui rendra compte de tous les détails révélés par l’expérience ; et c’est précisément ce que fait Rouvière. « Le sel acide, dit-il, est composé de parties longues, polies, grosses vers leur milieu et pointues par les deux bouts ; de sorte qu’elles ont à peu près la figure d’un fuseau ; c’est pourquoi pour exprimer en peu de mots leur figure nous l’appellerons fusiforme. Le sentiment égal que les acides excitent sur nos organes prouve la nécessité de ces pointes dans le sel acide. Il est aisé de prouver que ces acides ont la figure fusiforme en ce qu’ils ne sauraient se geler. Une liqueur se glace ou parce que ses parties s’appliquent exactement les unes sur les autres, en sorte qu’elles refusent le passage à la matière éthérée, ou bien parce que ses intervalles sont remplis par des corps qui

  1. Polinière. Expériences de physique, 1709, in-12.