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triomphe et éparpillement des philosophies

chez Homberg qui, ne se réclamant que de la méthode expérimentale, donnait tout naturellement une forme spécifique à ses inaccessibles « sel principe » et « soufre principe » ; chez Geoffroy malgré la table des affinités qui semblait difficilement compatible avec la philosophie mécanique[1] ; chez Louis Lémery qui ne s’accordait en rien avec Geoffroy. Bref chez tous les médecins, chimistes et pharmaciens, jusqu’à ce que le stahlisme et le newtonisme aient imposé à la matière d’autres variables que la figuration des particules[2].

Mais jusqu’alors les descriptions étaient données avec un luxe de détails qui aujourd’hui déconcerte ; nous citerons un exemple entre mille[3] ! Charas ayant constaté que le vase où l’on a mélangé de l’acide de vitriol concentré et de l’eau devient tellement chaud, qu’il paraît en feu et que la main n’en peut souffrir la chaleur, donne « après y avoir fait réflexion » l’explication suivante : « Il jugea que cet effet venait de ce que l’esprit de vitriol, ayant été privé de son phlegme[4], et étant pour ainsi dire affamé, avait fortement attiré tout à coup les parties molles, poreuses et pliantes de l’eau ; et s’étant soudainement rempli de ces petits corps qui se trouvaient propres à remplacer les parties aqueuses qu’il avait

  1. Voir chap. précédent, un récit d’expérience.
  2. Voir Sprengel-Geschichte, et aussi les mémoires de l’Académie des Sciences auxquels nous pourrions emprunter des exemples.
  3. A D S, 1692, t. 10, p. 83.
  4. Ou humidité, disparu par la distillation.