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les doctrines chimiques en france

de la matière, que les expérimentateurs croyaient pouvoir annoncer en travaillant sur les substances organiques et que les métaphysiciens déduisaient de leurs , premiers principes ! Car si pour Descartes, Boyle et Van Helmont « tout corps de ce monde visible peut se convertir en tout autre corps imaginable »[1], il n’en est pas de même pour Hartsœker. Ce philosophe prétend, et là il rejoint les conclusions de la chimie lavoisienne, que certaines substances dites simples sont indécomposables et que ces corps simples sont irréductibles les uns aux autres ! Mais il y a entre ces deux manières de voir une différence profonde. Ce que Hartsœker croit pouvoir tirer à priori d’une conception métaphysique, les modernes le donnent comme un résultat provisoire, toujours sujet à révision, et non comme une vérité de raison planant au-dessus de l’expérience. Toutefois, ne nous y trompons pas ; ce sont les spéculations des philosophes qui ont fourni aux chimistes des cadres dans lesquels, plus tard, ils ont jugé bon de faire rentrer leurs connaissances empiriques, et le concept de corps simple, tel qu’on se le représente couramment est fort nettement indiqué par Hartsœker.

Les corps qui lui paraissaient simples ne sont pas toujours ceux qui nous semblent tels aujourd’hui, quoique parfois les deux manières de voir coïncident ; le diamant, chaque métal, le sel acide, le sel alcali, l’eau, l’air, le sable, et bien d’autres matières

  1. Cours, p. 123.