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triomphe et éparpillement des philosophies

de supposer que le fluide met en mouvement les parties du corps à dissoudre, les emporte avec lui, leur communique son mouvement de fluidité, et les tient unis par ce moyen. Il semble que c’est ainsi que l’eau dissout tous les sels et s’unit avec eux. »

Il est inutile de multiplier les exemples ; par le même procédé, Hoffmann tentera d’expliquer toutes les dissolutions et toutes les réactions de la chimie qui se produisent en présence d’un fluide ! Il donne de ces phénomènes, pris en masse, une interprétation plus intelligible que celle de ses prédécesseurs ; sa théorie laisse moins de prise à la critique que celle de Lémery, de Boyle ou de Hartsœker ! mais elle n’obtient cet avantage, qu’en faisant constamment intervenir le mouvement caractéristique du fluide, et en laissant indéterminée la manière dont ce mouvement se produit et agit sur la particule solide. Elle est à certains égards moins élégante, moins précise et moins statique que la méthode primitive qui figurait les particules du solvant et du soluble, et qui, une fois en possession de ces hypothétiques images, construisait la particule plus complexe de la solution. Pour Hoffmann, semble-t-il, une dissolution ne conserve son équilibre qu’à cause de l’agitation que le solvant communique au soluble. Et, par suite, il n’est plus besoin de décrire en détail un corps dont la figure totale varie constamment !

La doctrine mécaniste en venait tout naturellement à ne plus examiner avec la même complaisance