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triomphe et éparpillement des philosophies

sensibles et incontestables qui ne laissent aucun lieu d’en douter ;

3o Que, quand le corps est parvenu au point, de division dont on vient de parler, chaque petite portion de liquide peut alors envelopper et en enlever une particule, mécanique dont le détail serait assez long à rapporter et dont on peut toujours faire sentir la vérité par la comparaison d’un vent fort considérable[1]. »

Ces lois générales une fois posées, le chimiste n’a plus à s’embarrasser d’une description imagée de chaque phénomène de solution ; les formes des particules de chaque sel ne seront invoquées que pour expliquer, en quoi ce sel diffère des autres sels solubles : eh particulier il s’agit de rendre compte de la raison pour laquelle l’eau se charge d’une plus grande quantité de sel de tartre que de salpêtre ; pourquoi elle dissout plus rapidement un sel qu’un autre sel donné.

Cette théorie statistique de la solution est d’ailleurs indépendante du mécanisme cartésien ; les newtoniens s’en emparèrent et l’adaptèrent tout naturellement au système de l’attraction moléculaire. Peu à peu, indépendamment de toute métaphysique, la chimie fut amenée à s’intéresser davantage au phénomène d’ensemble qu’elle étudiait, qu’aux infi-

  1. ADS, 1716, Louis Lémery,« Explication mécanique de quelques différences assez curieuses qui résultent de la dissolution des sels dans l'eau commune ».