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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

vous verserez de l’eau marine filtrée et froide, chargée et imprégnée de sel commun non décrépité autant qu’elle a pu en tirer[1] », le précipité se déposera immédiatement et nous n’aurons qu’à le recueillir. La suite du discours montre que Thibaut avait sérieusement réfléchi à la théorie de son art ; il essaye de nous expliquer pourquoi le sel provoque l’insolubilité du mercure ; malheureusement il ne nous livre que l’application d’une doctrine générale à un cas particulier, de sorte qu’il nous est à peu près impossible de la saisir dans ses grandes lignes. « Notez, dit-il, que, si vous n’aviez employé que de l’eau commune (non chargée de sel) à cet effet, vous n’auriez pas précipité le mercure, parce que l’eau commune n’étant chargée d’aucun sel ne peut livrer aucun combat aux sels de l’eau-forte ; mais, si elle est chargée abondamment d’un sel contraire à ceux de l’eau-forte, sitôt qu’ils se sentent joints ensemble ils se combattent, et se combattant l’un contre l’autre, le mercure s’échappe et se déchaîne d’une bonne partie de ces sels et, partant, tombe et précipite au fond du vaisseau. »

Pour Thibaut donc toute réaction est le résultat d’un combat produit par l’antagonisme de deux corps ; il ne nous précise ni les causes de cet antagonisme, ni pourquoi après la bataille il s’établit un nouvel équilibre ; nous n’essayerons pas d’entrer

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