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INTRODUCTION

et en fait a échappé, à ceux qui voient le passé le plus lointain à travers le présent immédiat ; pour ne citer qu’un exemple, elle a passé entièrement inaperçue de ceux qui ont compté pour rien les travaux des prédécesseurs de Lavoisier.

Afin de ressusciter véritablement les doctrines chimique d’autrefois, nous les avons abordées en nous faisant autant que possible l’âme d’un contemporain de leurs auteurs ; et c’est du point de vue de la science du xviiie siècle que nous avons exposé aussi bien les parties admirables qui assurèrent leur long prestige en ravissant l’adhésion de nombreux disciples, que les lacunes inévitables que la plupart des travailleurs se sont ingéniés à combler, avec plus ou moins de bonheur.

Insistons encore sur une conséquence éloignée de ce qui précède. S’il est déjà difficile de renfermer dans telle définition immuable les concepts fondamentaux de la chimie, il est, je crois, impossible de délimiter avec exactitude le vaste domaine de la doctrine chimique elle-même. Cette doctrine n’a-t-elle pas prétendu, durant de longues périodes, qu’elle avait le droit d’annexer les champs de la théologie, de la métaphysique, de la biologie, de la médecine et de la physique ? Ne s’est-elle pas, à d’autres moments, contentée strictement d’étudier les réactions matérielles ? Et les manières de voir des divers savants concernant son rôle et sa valeur n’ont-elles pas coloré de façon toute spéciale l’exposé même de leurs réflexions théoriques ? Il y a là une difficulté que l’historien de la pensée des savants ne doit jamais perdre de, vue ; et il doit faire effort pour conserver à chacune des Écoles qu’il étudie son aspect caractéristique.

Voici, sur un champ plus limité, quelques problèmes fondamentaux et précis dont les solutions diverses ont fait varier les limites de la chimie à l’intérieur de la science du xviiie siècle.

1. La lumière est-elle une substance ou un accident ? Si elle est accident, elle intéresse peu le chimiste ; si, au contraire, elle est corps, elle joue un rôle important dans les phénomènes matériels, et les diverses affinités de ce réac-