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Page:Meulan - Essais de litterature et de morale.djvu/34

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LETTRE
Sur les Meres rivales de madame de Genlis


Il y a deux choses dont tout le monde parle, & qui fournissent à certaines personnes un fond inépuisable de conversation, la politique & les romans. La politique nous touche de si près que chacun croit s’y entendre comme à ses affaires : les romans ressemblent si fort à notre histoire, que, pour les bien sentir, on imagine qu’il suffit de se rapprocher de soi-même. Mais, dans la même position, tout le monde a t-il dû sentir de la même manière ? Il faut croire que non ; d’où viendroient sans cela tant de discussions, dont les romans se trouvent continuellement l’objet ?

Celui de madame de Genlis fait, dans ce moment, les frais de la conversation. Tout le monde veut le lire, & beaucoup de gens commencent par le juger. Si, par hasard, ceux-là desiroient d’en avoir quelqu’idée, il faut d’abord qu’il se représentent Pauline dans son château d’Erneville, Pauline à dix-huit ans, belle & vertueuse