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vi. — témoignages divers

et les trahisons ; avec ce nonobstant qu’il esperoit, au plaisir de Dieu en bref les combattre. Et dit, en donnant courage a ses gens, en son langage bourguignon, qu’encour avoit il bien eloigné ledit roy, ledit Girard, leur remontrant le peu de distance qu’estoit depuis ledit Frin jusqu’audit Chastel-Charlon, ou ledit Charles estoit avec sa grande puissance. Pour lequel mot et raison d’iceluy fut appelle ledit lieu de Frin Pouligny[1], que l’on dit a present Poligny ; et de ce print ledit lieu son nom. Aussi audit chasteau de Grimont par ledit Girard furent fondées des nones de l’ordre de Saint Benoit en la cour basse d’iceluy, lequelles furent translatées dois ledit chasteau au lieu de Colonne[2], et depuis ledit lieu, par Frederic Barberousse lors querellant ledit royaume de Bourgogne, furent derechef translatées dois ledit Colonne au lieu de Saint Jean d’Authun, auquel elles sont encores a present[3].


Il est visible que le rédacteur anonyme de ce récit, a connu la chronique bourguignonne citée précédemment. Ce qu’il dit au sujet du château de Grimont ne laisse guère de doute à cet égard. Mais, de plus, il a dû connaître l’histoire en prose de Girard de Roussillon compilée en 1447, par Wauquelin, qui sera étudiée dans notre prochain chapitre : c’est là qu’il a trouvé ce Gui de Montmorenci, qui aurait occupé, au profit de Charles le Chauve, plusieurs des villes de Girart[4]. C’est à la

  1. Ceci est visiblement tiré de la rédaction en prose de Wauquelin (voy. ci-après, p. cxlii), où on lit : « Si deist par aventure en son langaige bourguignon que encores avoit il pouloigné (pourloignié, réd. en vers, v. 1623) le roi Charle, pour lequel mot ainsi dict et proferé ses gens mirent nom a la dite place Pouligny, qui encores dure et a duré jusques aujourd’hui » (ch. xlv).
  2. Arr. et cant. de Poligni.
  3. La chronique d’où ce morceau est tiré fait partie de la bibliothèque de M. le comte de Laubespin (Mss. de l’abbé Guillaume, t. II, p. 171-9).
  4. Voir ci-après, p. cxxx.