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girart de roussillon

qui les chérisse autant et leur fasse tant de présents. Il a quatre fils qui sont d’aimables jeunes gens. Quand le roi tiendra sa cour, sans qu’il soit besoin de les convoquer, l’un portera l’épée, l’autre le bâton, le troisième lui chaussera l’éperon, et le quatrième portera son gonfanon en bataille. Les Bretons tiendront le droit de porter les premiers coups[1] de moi et de mon père le duc Drogon, ainsi que tous les offices domestiques, car tels sont les fiefs de Roussillon. »

672. Le comte les quitta et vint trouver son épouse : « Dame, je vais m’entretenir avec vous, en l’amour de Dieu, car vos conseils m’ont toujours été profitables, et m’ont fait recouvrer puissance et honneur. — Sire, si je vous ai été d’aucun secours, j’en rends grâces à Dieu. Mais vous, que lui donnerez-vous de votre terre ? — Tous mes alleus francs que je tiens de mes ancêtres, et de plus celui qui appartint à Boson le combattant, le meilleur chevalier qu’on ait vu, qu’on puisse voir jamais. Rappelez-vous comme il vous arracha au feu, lorsque Charles prit Roussillon par trahison[2]. Pour lui prieront de nombreux moines. Je fonderai treize[3] moutiers ; en chacun il y aura un abbé ou un prieur. Dans la vallée de Roussillon, où coule la Seine, là sera enseveli notre fils[4] et nous auprès. Cités, villages,

  1. La mention des Bretons est inattendue, car on a vu plus haut (§§ 147, 323, 381, 428, 449) qu’ils dépendaient de Charles et non de Girart. Quant au privilège si recherché de commencer l’action, voy. ci-dessus, p. 149, n. 4. On a vu, au § 484, le même privilège revendiqué par un Champenois. À la bataille de Lincoln, en 1217, les Normands, faisant partie de l’armée anglaise, le réclament comme un droit ;

    ... sachiez que li Normant
    Deivent les premiers cops avant
    Aveir en chescune bataille.
    (Hist. de Guillaume le Maréchal, vv. 16211-3)

  2. Ci-dessus, §§ 427-9
  3. Trente, selon P. (v. 8909).
  4. Celui dont la mort est contée au § 620.