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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/255

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GIRART DE ROUSSILLON.

1. Ce fut à la Pentecôte, au gai printemps ; Charles tenait sa cour à Reims. Il y avait maintes personnes au cœur franc ; le Pape y fut et prêcha. La messe dite, Charles monte au palais jonché de fleurs[1] ; au dehors Girart et sa mesnie bâtissent des quintaines[2], et se livrent à maint exercice. Le roi l’apprend et le leur défend : il craint que des jeux on en vienne aux disputes, et jure par la sainte croix qu’il n’y a si puissant homme à qui il ne fasse arracher les yeux, s’il fait scandale en sa cour. Charles est le meilleur justicier que je sache. De la mer jusqu’ici il n’y a si riche baron qui ne tremble lorsque le roi s’irrite.

2. Quand le roi a suivi la procession, on monte au palais

  1. Sur l’usage de joncher de fleurs les appartements on peut voir mon édition de Flamenca, p. 288.
  2. Du Cange, dans la septième de ses dissertations sur l’histoire de saint Louis, définit la quintaine « une espèce de bust posé sur un poteau où il tourne sur un pivot, en telle sorte que celui qui avec la lance n’adresse pas au milieu de la poitrine, mais aux extrémitez le fait tourner ; et comme il (le buste) tient dans la main droite un baston ou une épée, et de la gauche un bouclier, il en frappe celui qui a mal porté son coup. » Diez. Etymologisches Wœrterbuch, I, quintana, n’enregistre ce mot que pour dire que l’étymologie n’en a pas encore été trouvée. L’article du Dictionnaire du mobilier, de Viollet le Duc (II, 406), est superficiel et sans précision. On trouvera dans Strutt, The Sports an Pastimes of the People of England, l. III, ch. i (éd. W. Hone, 1834, p. 113 et suiv.), un long article sur la quintaine, avec diverses représentations tirées de mss. du xive siècle.