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girart de roussillon

pereur, « j’en possède[1]. » Il fait appeler Florent, son évêque grec, qui garde les reliques et lit le bref[2].

19. Girart, l’empereur et le pape entrèrent au moutier du Capitole. Le roi les emmena dans la crypte où gisent les apôtres.... Il fait appeler son évêque Flore, qui garde les reliques et lit l’histoire. Ils se recommandent à ses prières, afin que Dieu leur accorde honneur, vertu et gloire, puis ils veulent aller au Bras Saint-Georges[3] ; mais avant, l’empereur leur donna de chères épices et de la mandragore[4].

20. Et quand il leur eut montré les fils de Dieu[5], il les mena en sa chambre voûtée, dont le sol était jonché de

  1. Constantinople se glorifiait de posséder les reliques de plusieurs apôtres : notamment le corps entier de saint Paul et le chef de saint Jean-Baptiste ; voy. Du Cange, Constant. Christ., I, IV, v. Le chef de saint Jean fut, après la croisade de 1204, transporté à Amiens, voy. Riant, Exuviæ sacræ Constantinopolitanæ, I, clxvij. II, 97. L’abbaye de Saint-Jean-d’Angély se glorifiait de posséder la même relique : « Caput Baptistæ Dominici cum Constantinopolitani habere se dicant, Angeriacenses monachi idem se habere testantur », Guibert de Nogent, de Pignoribus sanctorum, I, iii, éd. d’Achery, p. 336 i a.
  2. « Qui guarde les vertus e lis lo briu » ; à la tirade suivante « e lis l’estoire ». Ce sont deux variantes d’une même expression qui peut s’entendre en deux sens. Il se peut qu’elle ne désigne rien de plus que l’épithète « lisant » qui, dans l’ancienne littérature française, est si fréquemment le qualificatif des clercs, cf. legendiers dans le poëme de la croisade albigeoise, au vocabulaire de mon édition ; mais un sens plus spécial est possible : « Les églises de l’Orient », dit M. Riant, possédaient toutes des inventaires de leurs trésors respectifs. Ces inventaires se nommaient Βρέϐια ; un certain nombre sont parvenus jusqu’à nous ; » Exuviæ, I, cc. C’est le latin breve au sens d’inventaire, voy. Du Cange, brevis i.
  3. Sans doute du monastère de Saint-George, d’où le nom de Bras Saint-George donné au Bosphore, voy. Du Cange, C. P. christiana, p. 124-5.
  4. On sait que la mandragore passait pour avoir des vertus très-diverses ; voy. par ex. Du Cange, mandragora, et Le Roux de Lincy Le livre des légendes (1836), p. 135.
  5. Los Deu fillols, les saints, les reliques.