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girart de roussillon

de Braine [1] ; par suite, il vécut sept ans dans les bois, sous Comejane[2], équarrissant des bois de charpente, quand un jour Louis[3] l’en tira ; il lui donna avec sa terre sa sœur germaine. De la mort de nos pères le vieux se vante : il dit que, s’il peut les rencontrer en plein champ, ils ne trouveront refuge en bois ni en garenne. — Cela », dit Fouque, « je le tiens pour fanfaronade ; les menaces, j’en fais autant de cas que d’une noisette. »

102. Fouque quitte le conseil et rentre chez lui. Cent barons de sa terre le suivirent, tous vicomtes, comtors, puissants seigneurs. Il les tire à part sous la voûte d’une fenêtre. « Seigneurs francs chevaliers, je n’ai qu’une chose à

    même nom qui lutta contre Lothaire lors du siège de Verdun (984) et qui eut plus tard (1023) des démêlés avec Eudes Ier comte de Champagne. Thierri d’Ardenne (peut-être le même que le Thierri d’Argone de Rolant), est mentionné dans plusieurs chansons de geste françaises, par exemple dans Renaut de Montauban, dans Gaidon, dans Fierabras. Ce dernier poëme contient un passage qui doit être cité ici, parce qu’il y est fait allusion à un récit plus ou moins légendaire selon lequel Thierri aurait vécu dans la forêt d’Ardenne de la vie des bannis. Il paraît probable que c’est à ce même récit que va faire allusion Girart. Voici le passage de Fierabras. Dans une tour assiégée par les Sarazins sont enfermés plusieurs Français :

    S’i est li quens Berars qui mout nous a grevés
    Et Tieris l’ardenois o le grenon mellé,
    .I. viellart, .j. cenu de mout grant cruauté
    Qui plus a de .m. hommes mordris et estranlés
    En la forest d’Ardane ou il a conversé.

    (v. 3702-6.)

    Je ne saurais déterminer le lieu « d’Ascane », ailleurs, pour la rime, « d’Ascanse » (v. 1141, 3646), d’où notre Thierri tire son surnom.

  1. Brane Oxf., Barbana P. (v. 998).
  2. Cormarana P. (v. 999).
  3. Le roi Louis, qui est mentionné plus loin, v. 5107, à l’occasion du même fait, et encore au v. 6617, cette fois comme actuellement vivant ; c’était donc, pour l’auteur de la chanson, non un ancêtre du roi Charles Martel, mais un contemporain de celui-ci.