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girart de roussillon

vases en or battu, des bassins, des aiguières grandes et petites ; [il y avait là] quatre cents damoiseaux éveillés, qui allèrent au trésorier appelé Auruz[1] ; chacun reçut un vase précieux. Ils ne furent pas lents et nonchalants à servir. Il y avait là mille chevaliers portant l’écu. Le repas fini et le soir venu, ils allèrent se coucher, déchaussés et nus. Ils se lèvent à minuit[2], par le clair de lune. Ils étaient les cent barons dont j’ai fait mention, vicomtes et comtors, puissants et renommés. Ils entendront le message lorsqu’il sera présenté, et sauront si l’accord est conclu ou rompu. Il n’y aura là mauvaise langue, si perverse soit-elle, qui, lorsque Fouque parlera, ne soit réduite au silence.

104. Or s’en va don Fouque avec ses barons. Ils sont cent chevaliers vêtus de bliauts[3] de paile et de ciglaton[4] ; leurs pelisses étaient de vair, de gris et d’hermine ; ils portent des peaux traînantes de martre et des boutons d’or. Cette nuit ils logèrent à Avalon, et de là se rendirent à Nevers quand il fit jour ; au troisième jour ils furent à Bourges [5] avec Aimenon[6], qui leur prépara une gracieuse hospitalité dans sa maison. Quand ils eurent mangé suffisamment, les lits furent bons : ils reposèrent jusqu’à ce que le soleil parut au ciel. Les damoiseaux sont chaussés et vêtus ; ils font mettre aux chevaux les freins et les selles aux arçons d’or ; ils entendent messe et matines à Saint-Simon, puis le comte Aimon les conduisit. Jusqu’au pont d’Orléans, ils l’eurent pour guide.

  1. Nom corrompue ? Le vers manque dans P.
  2. Au premier chant du coq, ainsi qu’on a vu au § précédent.
  3. Vêtement de dessus, sorte de tunique par dessus laquelle on revêtait la pelisse ou haubert.
  4. Diverses étoffes de soie. Voy Fr. Michel, Recherches sur les étoffes de soie, I, 234.
  5. Il est évident que cette route n’est pas la plus directe pour aller d’Avalon à Orléans.
  6. Appelé plus bas « Aimon ».