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xix
ii. — la poésie — girart de roussillon

Dans une autre occasion, il renouvelle la même objection :

« Drois empereres, entendés ci a mi :
« Charles Martiaus, qui maint estor vainqui
« (Jhesu de gloire ait de s’ame merci !)
« Envers le duc Girart gueroia il ;
« Maint orfe firent et maint homme morir,
« Dont mainte dame remesrent sans mari.
« Mort sunt li pere, si sunt petit li fil,
« Tes regne est povres et d’argent escheris.

(Ibid., I, 76-7.)

Et plus loin :

« La terre est povre et li païs gastés
« Par dant Gerart qu’est de Roucillon nés,
« Et par paiens, les cuivers defaés.

(Ibid., I, 81.)

Jusqu’ici il ne s’agit que de ravages effroyables, résultats d’une guerre prolongée. De telles allusions pourraient être rapportées à la chanson renouvelée, si le renouvellement n’était, selon toute apparence, postérieur à Garin le Lorrain. Mais voici une autre allusion qui ne peut, en aucune façon, s’expliquer par la chanson renouvelée. Henri de Montaigu, cousin de Garin, s’adresse en ces termes à Pépin :

« Drois empereres, » ce dist li dux Henris,
« Montagu tieng de vous et mon païs,
« Et sui cosins germains au duc Garin,
« Et sa seror fu ma mere Heloïs.
« Onques mes aives li Loherens Hervis
« Le vostre pere, par mon chief, ne traït,
« Si comme fist Hardrés li viés floris
« Envers Girart qui Roucillon maintint. »

(Ibid., I, 140.)