m’étonne pas si Girart vous trompe. Son père et son aïeul furent toujours félons[1]. Mais mandez votre gent jusqu’à Clarmel[2], de Guiterne en France jusqu’à Creil, et qu’ils chevauchent tous ensemble. S’ils rencontrent un château en plaine, qu’ils l’attaquent incontinent. Amenons là tant de jeunes damoiseaux que le champ en devienne rouge de sang. Et qui trouvera Girart, ne perde pas de temps, mais lui coupe la tête, au-dessous des cheveux ! Puis, qu’ils aillent loger à Mont-Espel[3], qu’ils lui enlèvent Roussillon et Saint-Maurel. Tu ne feras pas la paix, si tu veux m’en croire, jusqu’à ce que tu l’aies écrasé, lui et Amel[4].
224. — Je sais bien ce qu’il y a de mieux à faire[5], » dit Charles. « Je ne sais quel sera le [dernier] jour de moi ni de Girart, mais voici que mai viendra après le temps de Pâques, que l’herbe aura poussé au-dessus des fleurs ; alors nous verrons ce que sauront faire ces vantards pour prouver leur vaillance, la mesnie de Girart aux chevaux rapides et bons coureurs. Moi, j’ai telle confiance en Dieu le roi des cieux, que si nous nous rencontrons en plaine, les nôtres et les leurs, c’est eux qui trembleront devant la mort. »,
225. Alon de Vaubeton, le fils de Tibert, fut présent au conseil. Il se leva, car c’était un chevalier qui parlait bien et savait donner bon conseil à qui voulait l’en croire : « S’il est vrai que Girart a mené ici Boson, ça été pour lui une douleur que Boson eût tué Thierri. Il n’en sut rien, il ne l’a pas voulu, ni conseillé. Depuis ce méfait, il ne lui a pas donné asile. Girart doit-il donc périr parce que Boson a
- ↑ C’est la première fois que cette accusation fut portée contre Drogon, le père de Girart. Quant à l’aïeul de celui-ci, nous ne le connaissons pas.
- ↑ Carmel L., Calmeilh P. (v. 2960), lieu que je ne puis identifier.
- ↑ Le même que le Mont-Espir du § 130.
- ↑ Aimel L., « lui et sa gent », ce qui détruit la rime, P. (v. 2963).
- ↑ Mot à mot « je sais bien la fleur de cela ».