que le sang jaillit, que j’eusse à combattre avec lui, que je le prisse et le misse en votre prison où vous le tiendriez quatorze jours[1]. — Je le sais, « dit le roi, « je n’ai pas été avisé, mais alors il n’était pas mon ennemi et Drogon était maître de la Bourgogne. Si jamais je le tenais, je serais en sécurité[2]. — Il sera trop tard quand vous le tiendrez, » dit Gautier. À ce moment, Pierre descend de cheval, et, en le voyant, Charles fut tout joyeux.
293. « Pierre, savez-vous des nouvelles de Girart ? — Oui, comme d’un félon et d’un chien[3] : maudit soit-il de saint Médard[4], » a-t-il dit, « s’il ne met pas à feu la moitié de la France, s’il ne prend pas sa part de ce qu’il y a de mieux ! — Il en a menti, le couard, » dit Charles, « car, si je l’y trouve, par saint Léonard, jamais en aucun lieu il n’aura couru tel danger ! »[5]
294. Dans la chambre il y a un comte, don Manecier, qui se prit à conseiller le roi : « Sire, faites taire tout ce monde, calmez le bruit et le tumulte, faites asseoir ici Pierre ; et toi, Pierre, puisse Dieu t’aider ! dis-nous la vérité. Il ne faut pas que tu dises des mensonges par malveillance. — Je n’en ferai pas, » dit Pierre, « aussi vrai que Dieu me laisse entrer dans ce moûtier ! »
295.[6] Pierre prit place auprès du roi en un fauteuil ; au-
- ↑ Ce chiffre n’est là que pour la mesure et la rime.
- ↑ Il me semble impossible d’entendre autrement ce passage pour lequel les mss. ne présentent aucune variante importante. Cependant on voit que la réponse de Charles s’applique mal aux paroles de Gautier. Faut-il supposer que la fin du discours de celui-ci manque dans tous nos mss. ?
- ↑ Gaignart, cf. p. 105, n. 1.
- ↑ Pour la rime, bien entendu.
- ↑ Ici, dans Oxf. et L (p. 332), une laisse dont la place véritable est plus loin, la laisse 308.
- ↑ Tirade de cinq vers qui manque à L. P. C’est un simple appel de jongleur que, à cause de son insignifiance même, deux copistes indépendants l’un de l’autre ont fort bien pu avoir l’idée de supprimer.