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girart de roussillon

des embûches par Andefroi[1]. Il ne viendra pas à ta cour ni à ton plaid, jusqu’à ce qu’il t’ait fait payer le mal que tu lui as fait. S’effraie qui voudra : lui, il ne redoute rien.

303. « En un mot, » dit Pierre, « Girart gardera sa rancune (puisse Dieu protéger ses neveux et ses hommes !) jusqu’à ce qu’il t’ait vaincu, toi et tous les tiens. Puis il emportera d’Orléans la sainte croix[2]. — En cela il ment comme un misérable, » interrompit Charles, « car, si je le trouve logé dans les prés sous la ville, jamais homme n’aura eu si mauvais neveux[3].

304. — J’ai pleinement accompli mon message, ce me semble. J’ai vu Auchier, Guinart, don Armant, Seguin, Boson, et don Guintrant. Quand j’eus dit mon message, je vis, à la mine du comte qu’il ne t’aimait guère ; tant s’en fallait qu’il allait à l’encontre de ce que je disais. Je prononçai alors une parole qui le blessa comme si on lui avait cinglé le nez d’une badine. Je lui dis : « Comte, si vous faites guerre, je crois qu’il vous en ira mal : avant un an vous l’aurez payé. » Et j’offris alors la bataille[4] pour prouver, si Girart l’acceptait, que le tort, la tromperie, la trahison[5] seraient de son côté. Je ne refusais aucun chevalier, ni Bourguignon, ni Bavarois, ni Allemand, et je ne trouvai personne qui acceptât le défi. Mais Boson d’Escarpion se leva, le visage fier et irrité ; il ferma son poing droit et tira son gant, et, sans Fouque, il m’eût

  1. Je ne vois pas que Girart ait fait valoir ce grief en présence de l’envoyé du roi ; mais, antérieurement, il avait manifesté son indignation de la conduite de Charles en cette circonstance. Voy. la fin du § 215.
  2. Le texte, tel que nous l’avons, ne porte nulle part que Girart ait proféré cette menace.
  3. D’après P. (v. 3976), Oxf. est corrompu et la leçon de L. est visiblement refaite.
  4. Le duel judiciaire.
  5. En ce qui concerne le meurtre de Thierri, ce que dit plus clairement P. (v. 3990).