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girart de roussillon

parole pour répondre à Pierre. Il se tourna d’un autre côté pour se remettre : « Damoiseaux de ma mesnie, aimez-vous mutuellement. Qui voudra m’aider dans cette guerre n’aura pas faute de mon avoir. » Les chevaliers se prirent à se réjouir, à s’exciter les uns les autres et à se vanter à qui mieux mieux. Cela parut bon à Charles de les entendre gaber. Le jour déclinait. Ce n’était plus l’heure de discuter. On demanda l’eau[1] et on se mit à table, et, le moment venu, on alla se coucher pour pouvoir se lever matin. Cette nuit, Charles resta couché jusqu’au jour. La messe ouïe, il fit dire à chacun de s’aller armer et de monter à cheval. On fit seller les bons chevaux ; on n’oublia pas les hauberts ni les heaumes. Même le roi fit lacer son enseigne, et, prenant la conduite de ses hommes, il se mit à chevaucher sur Girart. Il veut, sans plus tarder, lui porter un rude coup.

308.[2] Charles voit comment son messager est revenu, que là[3] droit ne lui sera ni fait ni reconnu, qu’aucun présent ne lui a été envoyé ni promis. Il a mandé et convoqué ses hommes, mais il ne les a pas attendus tous : il en avait bien trois mille, armés de l’écu. Avant que le jour fût levé, que le soleil brillât, il les avait amenés sous Mont-Amele. Jamais château ne fut mieux attaqué, ni mieux défendu par ceux du dedans. Grande est la puissance de Charles, et par vive force il les a tous pris. Il s’est établi au sommet du donjon le plus élevé.

309. Le roi Charles ne fut pas long à se préparer. Il n’a avec lui ni ses hommes ni ses marquis[4] ; de ses barons il

  1. Cf. p. 61, n. 4.
  2. Laisse déplacée dans Oxf. et L., voy. ci-dessus, p. 146, note 5. On conçoit qu’une laisse dont le seul objet est de récapituler les faits, qui, par conséquent, interrompt de toute façon la narration sans rien apprendre de nouveau, ait pu aisément être transportée hors de sa vraie place.
  3. Chez Girart.
  4. Ses hommes en général, l’ensemble de ceux qu’il avait droit de