pesant d’or cuit, fussent-ils d’airain, ne les sauverait pas.
360. — Sire, ne faites pas cela, » répond Begon. « Le comte Girart est prêt à vous faire droit. Prenez-le[1], s’il vous plaît, tandis qu’il vous en prie. — Après m’avoir trahi et renié, » dit Charles, « c’est alors qu’il dit qu’il me fera droit et m’offre son gant plié[2] ! Pour rien au monde je ne lui donnerais une demi-journée de trêve, et je ne lui laisserai pas une lieue de terre ! — Il y aura à faire, » dit Begon pour les moines et les médecins ! »
361. Ensuite parla Gautier de Saint-Remi : « Je vous dirai une chose, don Begon, » dit-il : « depuis que Girart est en guerre, il n’a rien gagné ; l’autre jour, il a fait une bataille qu’il ne devait pas faire : il s’est battu contre le roi, en une plaine, luttant ce jour-là autant qu’il a pu ; il y a eu son écu troué, sa lance brisée. Dieu me garde d’un gain pareil à celui que le comte et sa mesnie ont fait en cette rencontre !
362. — Et vous, » répondit Begon, « qu’avez-vous donc gagné ? Vous ne fîtes pas, ce jour-là, une longue poursuite[3] ; vous cessâtes bientôt de frapper, et, sans avoir de butin la valeur d’un jonc.....[4], vous vous en revîntes irrités et la tête basse. »
363. Ensuite parla Andefroi qui tenait Mantes[5] : « Vous y avez laissé ce jour-là soixante mille morts, et votre olifant a corné bien bas la trahison de Girart, si souvent renouvelée. Dieu confonde le vase où pousse une telle
- ↑ Le droit.
- ↑ Voy. p. 64, n. 3,
- ↑ Ici s’ouvre dans L. (p. 355) une lacune de plus de 1700 vers (=P. 4852-6570).
- ↑ Ici, dans Oxf., deux vers dont le premier peut se traduire ainsi : « Si nous n’avons pas fait de cercueils plombés », mais le second, probablement corrompu, est pour moi inintelligible : Mais vos ne meses un en vas nentrunc. Il doit y avoir une allusion aux cercueils faits par ordre de Charles, §§ 344-5 ; trunc, tronc d’arbre creusé, serait synonime de vas.
- ↑ Cf. § 107.