Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
girart de roussillon

cher ; si celui qui vous a tué s’en retourne en vie, puissent Dieu et saint Denis ne jamais nous venir en aide ! Aimeri frappe Fouchier sur l’écu noir et lui passe par le corps la lance avec l’enseigne, tandis que Aimon, le frappant de l’épée par le visage, lui fend la tête et l’abat mort dans un sillon. Ce fut un deuil et une perte que la mort du preux marquis. Meilleur vassal ni plus fécond en ressources ne resta sur ce champ de bataille.

397. Ha ! comte Girart, puissant baron, quel ami tu perds ! Boson et Bernart trouvent Fouchier gisant à terre, et auprès de lui Landri, le seigneur de Nevers. « Frère Boson, » dit Bernart, « attaque-les ! » Ils courent frapper Aimeri sur son écu foncé : l’écu ni le haubert ne lui servirent de rien ; ils le percent de leurs lances, dont les fers ressortent de l’autre côté, traversant la peau, la chair et les nerfs, et l’abattent mort dans la plaine. Boson dit alors un mot cruel : « Je te donne la récompense que tu mérites : ce n’est pas ton serf qui la recevra pour toi ! »

398. Quand Boson et Bernart l’eurent ainsi frappé, survinrent Fouque et le comte Achart[1], et Gilbert le comte de Senesgart, et, du côté du roi, le duc Bérart[2], Gace, vicomte de Dreux, et Uielart. Les troupes [royales] se dispersent à l’arrivée des dernières échelles[3]. Je ne crois pas que le quart se soit échappé sans blessures. Le dépit et la honte étaient pour Charles : son enseigne et son étendard ont été renversés, son étendard, son dragon[4] et son tref où étaient peints des léopards ; les hommes de Girart les lui abattent comme un bois qu’on essarte. Mais voici qu’arrive au galop l’évêque Brocart[5], un maudit clerc, plein de malice, qui était parent

  1. D’après P. (v. 5247) ; dans Oxf. Girarz. C’est le comte Achart dont la mort est rapportée à la fin de ce §.
  2. Bernart, P. (v. 5249), comme au § 382.
  3. De Girart, je suppose. Le vers est obscur.
  4. Enseigne où était peint cet animal fabuleux ; voy. Du Cange, draco.
  5. Boscartz, P. (v. 5257).