sur elle. » Tout étant ainsi réglé, [Bertran partit au galop[1]], Bertelais de Brian[2] se rendit auprès de Gui, le fils de Fouchier, le riche larron, et Droon alla, à force d’éperons, à Oridon ; mais le messager de Charles[3] y fut le premier.
567. Le messager de Charles dit à Aupais : « Charles, ton oncle[4], te mande de te rendre auprès de lui à Aix : il te donnera pour mari le duc d’Alsace, ou celui des Bretons, qui est preux et aimable, qui lui a déclaré la guerre à cause de toi[5]. Ainsi la paix sera faite. Et toi, de ton côté, rends-lui Fouque. — Que je sois maudite, si je vous le rends ! » dit Aupais. — Le roi te fera guerre et tourment ; avant que le soleil se couche, il te mettra le siège ; et, quand tu verras ravager tes vergers et tes clôtures, tu ne penseras pas à embrasser Fouque. — Messager, va-t’en, c’est trop m’insulter ! » Et Berart Brun s’en va plein de colère ; il monte à cheval, part au galop et va faire son rapport à Oudin.
568. Le messager du roi était sorti, quand celui de Girart entra. Aupais, qui était en haut, le vit descendre de cheval. Derrière lui, à distance elle vit venir Bertran. De peur le cœur lui trembla dans la poitrine[6]. Elle fait fermer les portes, et prend les clés. « Eh bien ! qu’allez-vous faire, Fouque, cher seigneur ? je vois déjà les enseignes occuper les hauteurs ! — Je n’y sais pas d’autre remède que de me défendre, en homme qui n’a d’autre choix que de se faire tuer ou d’être pris. » Il fait couper ses chaînes[7], prend un écu, revêt le haubert, ceint l’épée. Il n’y avait
- ↑ Dans P. seul (v. 7347).
- ↑ Bercelaie de Brie, Oxf. ; Bertelme de Bruiant, L. ; Bertelai de Brian, P. (v. 7348).
- ↑ Berart, voy. § 564.
- ↑ On a vu plus haut (§ 112) que Thierri, père d’Aupais, avait épousé une sœur de Charles ; cf. p. 187, n. 1.
- ↑ Voy. §§ 550, 551.
- ↑ Elle croit que ce sont les troupes royales qui arrivent.
- ↑ Douces chaînes, assurément, les chaînes d’argent mentionnées plus haut, § 551.