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girart de roussillon

tesse le sut et en fit bonne part aux pauvres. Girart distribua les deniers au boisseau. Il envoya vingt mille marcs d’or à la reine. Elle en donna à un millier de personnes, dont chacune la remercie en s’inclinant, et le roi en eut la moitié. Fouque, de son côté, ne lui donna pas le produit d’une bête de somme.

616. Fouque fit présent au roi de cent chevaux dont aucun n’était issu d’une bête de somme. Puis on réunit un parlement ; on voulait faire un accord, mais Oudin et ses parents l’empêchèrent avec ceux qui en voulaient au duc[1]. Girart manda auprès de lui Pépin : la reine le lui envoya, avec le consentement du roi, et il l’emmena à Rome, avec une suite nombreuse, et là on fit au jeune prince un couronnement tel que jamais empereur n’eut le pareil. Les Romains le retinrent, s’engageant à le regarder comme leur seigneur, et il garde la terre et la défend.

617. Par le conseil d’Andicas et de Bedelon[2], il fut mandé à Girart et à Fouque d’amener le pape en France, pour faire la paix entre eux et Charles. Le pape ne se fit pas prier, car il était parent de Girart, par Drogon[3]. Charles se laissa persuader par son exhortation, mais Oudin n’y voulut point entendre, non plus que les parents et les barons de Thierri qui repoussent tout accord. Aucun homme de cette famille ne voulut s’y prêter. Le roi prit alors un bon[4]

  1. Le duc Girart.
  2. Ce nom, qui paraît déjà au § 596, a probablement été emprunté au récit de la translation de sainte Marie-Madeleine, (voy. ci-dessus, p. 286, n. 6) où Badilon est le moine chargé d’enlever subrepticement le corps de la sainte.
  3. Le père de Girart.
  4. Molt bon dans les deux mss. Est-ce une simple cheville ? On va voir que ce parti consiste à faire la guerre à Girart. Il serait bien étrange que l’auteur approuvât une guerre déclarée sans motif et à contre-cœur par le roi à Girart. À la rigueur, on pourrait admettre que le molt bon se rapportât aux résultats de cette expédition, résultats qui seront, comme on le verra plus loin, favorables à Girart ; mais