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état des personnes et civilisation

le véritable Charles Martel, comme on l’a vu par les allusions de Garin rapportées au second chapitre.

Charles est qualifié tantôt de roi, tantôt d’empereur. Cette double qualification est un souvenir de l’époque carolingienne, qui a été conservé dans toutes les chansons de geste où il est question de Charlemagne[1]. Le titre de roi ou d’empereur est employé d’une façon absolue ; jamais il n’est complété par un nom de pays. Charles n’est pas appelé roi de France, mais il est qualifié par les noms des lieux où il fait sa résidence. C’est ainsi qu’il est appelé roi de Reims, aux §§ 149 et 485 ; ailleurs, Charles de Saint-Rémi (de Reims), §§ 135-6 ; Charles Martel de Saint-Denis, § 163[2]. Il a d’assez nombreuses résidences : Beauvais, Chartres, Compiègne, Laon, Orléans, Paris, Reims, Saint-Denis, Saint-Faire (?), Soissons[3], auxquelles il faut ajouter Aix-la-Chapelle, qui n’est mentionnée, en cette qualité, que dans la dernière partie du poème[4]. L’étendue du domaine royal n’est nulle part indiquée : on peut toutefois en tracer approximative-

    le poème franco-italien d’Ugone d’Alvergna ; voy. la notice de ce poème donnée par M. Graf dans le Giorniale di filologia romanza, I (1878), pp. 93-4. On peut rappeler aussi, comme preuve des confusions qui s’étaient produites dans l’imagination populaire au sujet de Charles Martel et de Charles le Chauve, que, d’après J. Bodel (Chanson des Saxons, I, 165-6), ces deux princes se seraient succédé sans intermédiaire sur le trône de France, et auraient vécu avant Pépin le Bref et Charlemagne.

  1. L’empereur de Constantinople est aussi, accidentellement, qualifié de roi ; voy. §§ 16, 19.
  2. Cette façon de désigner le roi de France s’observe ailleurs encore, mais moins fréquemment. Ainsi dans Raoul de Cambrai (éd. de la Société des Anciens Textes, vv. 824, 2519, 2800) le roi de Saint Denis ; dans Ogier, v. 595, Kallon de Saint Denis.
  3. Pour les passages du poème, voir la table à ces noms.
  4. §§ 567, 586.