Page:Meyerson - La déduction relativiste, 1923.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les choses ont marché d'une manière tout à fait analogue dans d'autres domaines. Après Descartes, les divers chapitres de la physique ont semblé, tout d'abord, se développer d'une manière de plus en plus indépendante les uns des autres c'est au point qu'au commencement du XIXème siècle, Auguste Comte, traduisant assez fidèlement, comme il l'a fait ailleurs, les croyances communes des savants de laboratoire, a pu ériger cette indépendance en principe, en déclarant qu'il y avait « six branches irréductibles » de la physique, « peut-être sept », et en condamnant comme dues à « la prépondérance prolongée de l'ancien esprit philosophique » toutes les recherches visant à établir des rapports entre ce qui nous apparaît à l'heure actuelle comme ne constituant que les diverses formes d'une entité unique, l'énergie (1). Il faut constater d'ailleurs qu'à l'époque même où le créateur du positivisme fulminait ces anathèmes, le travail d'unification était déjà commencé et même, dans plusieurs domaines, fort avancé c'est là surtout ce qui explique la virulence de ses apostrophes. Ce travail à continué inlassablement depuis, et l'on sait que, vers la fin du siècle dernier, les physiciens, par la théorie électrique de la matière, étaient parvenus à concevoir que tous les phénomènes de la nature pouvaient se ramener à un phénomène fondamental unique, le phénomène électrique. Nous avons dit aussi comment c'est précisément cette unification qui permet aux continuateurs d'Einstein qui considèrent le phénomène électrique, comme leur maître l'avait fait pour le phénomène gravitationnel, comme un pur phénomène