Page:Meyerson - La déduction relativiste, 1923.djvu/301

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et ce sont les découvertes de Sir J. Thomson et de Kaufmann qui ont poussé les physiciens à supposer que la masse n'était qu'un phénomène électrique. Enfin les théories relativistes elles-mêmes sont nées sous l'influence de l'expérience de Michelson, et même si l'on fait valoir, comme nous l'avons fait ressortir nous-même, que ce n'était là qu'une cause occasionnelle en quelque sorte, puisqu'elles auraient pu sortir de la considération seule des équations de Maxwell, il n'en reste pas moins le fait que celles-ci constituaient essentiellement la traduction de l'ensemble des observations opérées dans le domaine de l'électricité.

Tout cela est certainement très vrai. Mais est-ce toute la vérité? Assurément non, car, de cette vérité, fait aussi partie la constatation que les conceptions générales dont nous venons de parler préexistaient à leur triomphe en physique. L'unité de la matière, nous le savons, est une des idées les plus anciennes que l'homme ait conçues en réfléchissant sur la nature. L'unité des forces physiques est nettement impliquée par la supposition que tout n'est que mouvement et se trouve donc, à ce titre, stipulée par le postulat fondamental du mécanisme. La résolution de la matière en espace a été clairement formulée par Descartes et, enfin, la notion de l'hyperespace était tout à fait familière aux géomètres, bien antérieurement au moment où, par Einstein et Minkowski, elle a pénétré dans la physique. Sans doute étaient-ce des idées que le physicien était enclin à considérer plutôt comme purement philosophiques ou mathématiques on pourrait aussi bien dire comme chimériques, car ce serait à peu près équivalent dans la conception courante du savant de