Page:Meyerson - Réel et déterminisme dans la physique quantique.pdf/38

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qui entendent de nos jours préciser l’irrationnel biologique : on soupçonne aussitôt qu’il doit y avoir, dans cet amas de phénomènes, des parties plus ou moins accessibles au raisonnement. Que si, au contraire, on parvenait à nous faire toucher du doigt, pour ainsi dire, où l’explication se heurte à un obstacle, ou à plusieurs, parfaitement infranchissables et en même temps suffisamment précis, un pas immense en vue de la pénétration des phénomènes biologiques se trouverait évidemment accompli.

Il importe de constater, d’autre part, que la supposition d’un indéterminisme dans le sous-atomique ne constitue aucunement une atteinte aux fondements sur lesquels repose la conviction de l’existence d’un lien légal entre les phénomènes. En effet, nous l’avons dit, la source d’où dérive cette conviction, c’est uniquement la nécessité d’agir. Devons-nous considérer que c’est là, en définitive, chez l’homme moderne, la base unique de cette croyance ? Il est presque inutile d’insister sur l’extrême difficulté qu’il y a à parvenir à de véritables certitudes dès qu’il s’agit de démêler les motifs qui régissent ces mouvements de l’esprit qui constituent l’essence la plus profonde de notre moi. Et nous verrons tout à l’heure (p. 38) que Leibniz, en affirmant la nécessité d’un déterminisme général de l’ensemble des phénomènes, a donné à cette conviction un fondement bien différent. Contentons-nous donc de maintenir que le besoin d’action constitue assurément la base primitive — et qui reste principale — de notre foi dans cet ordre d’idées. Il va sans dire que l’action dont il est question ici et qui est celle qu’exerce tout animal, ne vise et ne peut viser, nous venons de le constater, que le réel molaire. Or, celui-ci demeure, aux yeux du physicien des quanta, aussi déterminé que pour nous tous. Afin de se rendre compte à quel point, dans cet ordre d’idées, la situation se trouve peu modifiée, l’on n’a qu’à se rappeler que (comme nous l’avons mentionné p. 27), dans la physique préquantique déjà, des considérations de probabilité intervenaient de manière très efficace, notamment à propos de tout ce qui a trait au principe d’entropie, c’est-à-dire à l’irréversibilité des phénomènes, c’est-à-dire encore au cours des événements dans le temps, présupposé, dès le début, dans la physique. Sans doute ne pourrait-on assimiler entièrement l’une à l’autre les deux situations. En effet, pour ce qui est de l’entropie, nous supposons que les mouvements moléculaires dont l’ensemble assure le fonctionnement de