Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 1.djvu/20

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aveuglément celles de tous les auteurs qu’ils mettent à contribution, et ainsi leur compilation devient en effet l’ouvrage d’un millier d’esprits différents.

Il est un point sur lequel tous les auteurs de la Biographie se sont entendus sans avoir été obligés d’en convenir entre eux, c’est la précision dans les choses et la concision dans le style. L’espace était bien précieux dans un ouvrage qui aurait pu, sans diffusion et sans inutilités, être porté au double de son étendue, et où l’on n’a cependant pas voulu renfermer moins de choses, que s’il était en effet deux fois aussi volumineux. Pour résoudre ce problème, on a dû respecter les faits, mais se commander des sacrifices sur la manière de les exprimer, de même que sur le nombre et la forme des réflexions. Il a fallu s’interdire ce luxe modéré de paroles qui donne au style du jeu, de la souplesse et de la grâce. Il a fallu se défendre souvent ces observations et ces résumés qui seuls impriment aux écrits un caractère philosophique ; et (les éditeurs peuvent le dire sans ridicule) il est des collaborateurs à qui il en a dû coûter beaucoup pour renoncer ainsi aux plus heureuses habitudes de leur talent. Mais ils les ont remplacées par d’autres qualités qui ne sont ni sans mérite, ni sans gloire : la nette et rapide exposition des faits, l’adroite disposition qui les groupe et les place sous le point de vue convenable, enfin cet art ingénieux des rapprochements qui supplée à l’expression des pensées, puisqu’il les fait naître dans l’esprit du lecteur.

Un défaut attaché presque inévitablement à la partie moderne de toute Biographie dite universelle, c’est d’abonder en noms nationaux et d’être pauvre en noms étrangers. Il serait peut-être à souhaiter que l’on fît une Biographie européenne, où les personnages historiques de chaque nation fussent admis dans une proportion que déterminerait seule la raison du nombre et de l’excellence. Cependant, une Biographie écrite en français, par exemple, est particulièrement destinée aux habitants de la France ; et ceux-ci, pour qui l’histoire de leurs compatriotes a plus de charme et d’utilité à la fois, accorderont toujours à des Français, moins connus et moins dignes de l’être, une importance, ou, si l’on veut, un intérêt qu’ils refuseront à des étrangers d’une plus grande et plus juste renommée. Au reste, nous avons donné place aux personnages de tous les pays, quand leurs actions et leurs travaux en ont franchi l’enceinte, et sont parvenus jusqu’aux hommes éclairés des autres nations. Des écrivains que l’on distinguera sans peine sur notre liste, profondément versés dans la science de l’histoire et de la littérature anglaise, italienne, allemande, espagnole et portugaise, en ont tiré tout ce qui pouvait être d’un intérêt vraiment universel ; et c’est à cela en grande partie qu’il faut attribuer le développement assez considérable qu’a pris notre ouvrage. Pour faire place à ces richesses nouvelles, nous avons écarté les êtres collectifs, tels que sectes, ordres