Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 1.djvu/39

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persan l’avait invité : il y fut saisi d’un mal subit, et mourut presque aussitôt, en 680 de l’hégire (1282 de J.-C.). On soupçonna que son 1er ministre l’avait fait empoisonner. Abaca-Khân fut un prince juste et bon ; sous son règne, qui dura dix-sept années lunaires, le peuple et le soldat jouirent d’un bonheur constant : les ruines de Baghdâd furent relevées par ses soins. Il réunissait sous son empire le Khoraçan, l’Adzerbaïdjân, le Farsistân, les deux Iràc, le Khoùzistân, le Dyàr-Bekir, et une grande partie de l’Asie mineure. Ahmed-Khân, son frère, lui succéda. J—n.

ABACCO. V. Abbaco.

ABAD Ier. (Mohhammed-Ben-Ismael-Aboul-Cacim-Ben), premier roi maure de Séville, de la dynastie des Abadytes, était d’origine syriaque, un de ses ancêtres étant venu d’Emesse s’établir à Tocina, sur le Guadalquivir sous le règne d’Abd-el-Rahman Ier. Possesseur d’un riche héritage, Abad devint, au commencement du iie siècle, un des princijjaux musulmans de Séville. Ses manières populaires et ses largesses lui gagnèrent tous les habitants, qui, fatigués de leurs déchirements politiques, depuis la chute des princes ommyades, reconnurent Abad pour leur souvcerain. Ce prince parvint à assurer sa puissance, et ajouta à son rovaume celui de Cordoue, dont il fit périr le roi. Aucun monarque de ce temps-là n’égalait Abad dans l’art de gouverner les hommes, et ne savait, comme lui, tempérer la sévérité par la douceur. Il mourut après un règne de 26 ans, l’an 433 de l’hég. (1041 de J.-C.), laissant la couronne à son fils Aboù-Amron-Ben-Abâd, qui recula encore les bornes de son royaume, et eut un règne heureux et paisible. B—p.

ABAD III (Mohhammed-Al-Mòtamed-a-l’Allah ben), petit-fils du précédent, succéda, l’an 461 de l’hég. (1068), à son père Abou-Amrou, roi de Séville. Abad unissait à l’éclat de la puissance souveraine toutes les qualités de l’esprit et du cœur, un goût éclairé pour les beaux-arts, et surtout pour la poésie qu’il cultivait avec succès. A peine fut-il monté sur le trône qu’il rassembla une armée considérable, reprit Cordoue, s’empara de Malaga et de Murcie, et fit aux chrétiens une guerre longue et active. Maître de Séville et de l’ancienne Cordoue, de l’Estramadoure et d’une partie du Portugal, Abad passait pour le plus formidable des rois maures d’Espagne, et le seul qui pût inquiéter la Castille, déjà puissante à cette époque. Humain et généreux, il s’empressa de donner asyle, dans ses états, à Garcie, roi de Galice, que ses sujets avaient laissé sans appui contre un frère ambitieux. Alphonse VI, roi de Castille, après avoir fait la guerre à Abad, rechercha son alliance, et obtint en mariage sa fille Zaïdah, avec plusieurs places importantes pour dot. Cet hymen causa la chute d’Abad. Les petits rois maures ses voisins et ses tributaires, alarmés de son alliance avec un prince chrétien, sollicitèrent l’appui de Youçouf-Tachefyn, roi de Maroc. Celui-ci vint attaquer Alphonse, et le défit en bataille rangée ; de là tournant ses armes contre le roi de Séville, son ancien allié, il lui enleva Cordoue, et assiégea sa capitale. Il se préparait à donner l’assaut lorsque Abad vint se mettre, avec ses enfants, à la discrétion du vainqueur. Tachefyn le fît charger de chaînes, et l’envoya dans une prison en Afriique, où ses filles furent obhgées de travailler de leurs mains pour le nourrir. L’infortuné monarque vécut quatre ans dans cette