Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 10.djvu/418

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pereur Théodose et aux princesses ses sœurs de longues lettres ou plutôt des traités sur la foi de Nicée. Enfin, il adressa une lettre synodale à Nestorius, et le somma de souscrire douze anathématismes qui scandalisèrent Jean, patriarche d’Antioche, et furent combattus par André de Samosate et par Théodore de Tyr. Il fallut un concile pour terminer ce différend. Les pères s’assemblèrent à Ephèse l’an 431. Cyrille partit d’Alexandrie avec cinquante évêques ses suffragants. Nestorius arriva dans Ephèse, accompagné d’un corps de troupes et des comtes Candidien et Irenée. Cyrille présida le concile au nom du pape. Nestorius refusa de comparaître, et fut déposé par plus de deux cents évêques (Voy. Nestorius). Mais cinq jours après, un conciliabule composé de quarante-trois évêques, et présidé par Jean d’Antioche, qui venait d’arriver à Ephèse, anathématisa, comme hérétiques, les douze articles de Cyrille, prononça la destitution de ce prélat, et le traita de monstre né pour la destruction de l’église. La sentence rendue contre Cyrille ne fut point publée à Ephèse, mais les évêques l’envoyèrent à Constantinople avec des lettres adressées à l’empereur, aux princesses, au clergé, au sénat et au peuple. Cyrille y était accusé d’avoir employé, pour dominer à Ephèse par la violence, des marins d’Egypte et des paysans asiatiques. Théodose prévenu ordonna que le concile continuât ses sessions. Les légats du pape arrivèrent, et après avoir entendu la lecture des lettres de Célestin, les pères s’écrièrent : « Un Célestin, un Cyrille, une foi du concile, une foi de toute la terre. » Cyrille fit condamner Jean d’Antioche : les esprits étaient divisés ; le sang coula dans Ephèse, et la cathédrale même fut souillée par d’indignes combats. Théodose envoya des troupes, et fit arrêter Cyrille et Nestorius. Cyrille écrivit aux évêques d’Egypte : « On a publié ici diverses calomnies contre moi ; que plusieurs mariniers m’avaient suivi d’Alexandrie ; que la déposition de Nestorius s’est faite par mes intrigues, contre l’intention du concile. » Il disait dans une lettre adressée au clergé et au peuple de Constantinople : « Nous sommes tous dans une grande affliction, ayant des soldats qui nous gardent et qui couchent à la porte de nos chambres, moi particulièrement. Tout le reste du concile souffre extrêmement. » Les nestoriens envoyèrent, de leur côté, des lettres qui trompèrent même S. Isidore de Péluse. Il écrivit à Cyrille : « La prévention ne voit pas clair, mais l’aversion ne voit goutte. Si donc vous voulez éviter l’un et l’autre de ces défauts, ne portez pas des condamnations violentes, mais examinez les causes avec justice. » Cependant le résultat de ce grand différend, fut que Nestorius resta déposé, et que Cyrille arriva triomphant à Alexandrie le 30 octobre 451. Quelques années après, il se réconcilia avec Jean d’Antioche, dissipa les préventions d’Isidore de Péluse, et mourut le 28 juin 444, ayant gouverné l’église d’Alexandrie pendant quarante-deux ans. Les Cophtes et les Ethiopiens le nomment Kerlos, par abréviation, et l’appellent le docteur du monde. S. Céleslin lui donne le titre de docteur catholique, et les théologiens lui conservent celui de docteur du dogme de l’incarnation. Sa fête est célébrée par les Grecs le 18 janvier, et par les Latins la 28 du même mois. Il laissa un grand nombre d’écrits : I. Traité de l’adoration, divisé en dix livres : c’est une