Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 52.djvu/476

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46o ZOR sans cesse en guerre entre eux ou avec les nations voisines. Il sulïisait d’ailleurs de voir le soleil s’abaisser derrière les monts qui les séparaient du pays ennemi pour identifier sur-le-champ les idées de ténèbres et de mal , les idées de lumière et de bien, et dès-lors il était naturel , lorsqu’on avait personnifié chacun des principes , de concevoir entre eux un combat perpétuel , une opposition de tous les lieux et de tous les moments. Peut-être, ajoute M. Creuzer^ les mystères, les symboles et les cérémonies de Mithras dateraient-ils de cette époque. Quant à Zoroastre, si l’on ignore ce qu’il abolit, ce qu’il conserva, ce qu’il modifia, au moins sait- on à peu près en quoi consiste son édifice religieux. Un dieu , unique , immuable , suprême , universel, espace, temps, vérité, sagesse et vie de tous les êtres qui n’existent qu’en lui et par lui ( Zervane Akerene y c’est-à-dire, le temps sans limites , est son nom ) ; deux principes opposés , Ormuzd et Ahriman, le premier , auteur de tous les biens , le second y auteur de tous les désastres et de tous les crimes ; six Amchapands , les premiers êtres de la création après Ormuzd et son ennemi , vingt-huit ïzeds et les innombrables Fervers, six Devs, implacables ennemis des Amchapands contre qui ils ne cessent de combattre, vingt-huit esprits malfaisants subalternes, et enfin un nombre immense de mauvais génies du dernier ordre ^ tels sont les linéaments primitifs de ce culte où domine dans toutes les parties l’idée de combat. La création elle - même entre dans la lutte et y prend une part active. Une partie de l’univers est ahrimanienne : l’autre sort des mains et sert la cause d’Ormuzd. Au reste cette guerre des ZOR deu-x principes ne doit durer que douze mille ans, partagés en quatre grandes périodes chacune de trois millénaires. Pendant la première, Ormuzd règne sans partage, et crée l’étincelante armée des cieux. Attaqué au commencement de la seconde ^ il propose la paix, ne peut l’obtenir, et bientôt précipite son ennemi dans les abîmes de l’enfer, où il est enseveli pendant lereste du second âge. Mais la lutte se renouvelle et devient plus active dans le troisième. Ahriman blesse mortellement le taureau qui périt, mais dont l’épaule droite engendre Kaimorts, le premier homme. L’opposition des deux principes se prorogera ainsi jusqu’au bout du douzième millénaire, époque à laquelle , selon les uns , il sera anéanti , selon les autres il reviendra à la vertu qui était sa nature primitive , et offrira avec ses Devs , ainsi qu’Ormuzd avec ses Amchapands, un sacrifice éternel à Zervane Akerene. ( Foy. Gœrres , Mjthengeschichte ^ tom. i«^î". , pag. 223-236 ) ; Hhode, Die heilige Sage , etc. , pag. 169 et suiv. ; Zend-Avesta, Anquetil, tome II , p. 592 et suiv. , Exposit. du terne théol. de Zoroastre ). Au te cette idée d’opposition et de guerre n’est pas seulement sensible dans là bataille que souti<enneut l’un contre l’autre Ormuzd et Ahriman. On la trouve symbolisée de mille manières. Ainsi la lumière et les ténèbres , le jour et la nuit, l’été et l’hiver , le ciel et la terre ^ le taureau et le serpent ne sont que des mythes et des emblèmes de cette pensée fondamentale. On la retrouve encore dans les époques de la création et la composition du calendrier liturgique si fidèlement calqué sur elle dans tous ses détails, que l’illustre Hcrder {Denkmale der Forwelt) , s’écrie ;