Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 56.djvu/144

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système. Il fit donner à son neveu, monsignor Joseph Albani, aujourd’hui cardinal, et commissaire-génélal de sa sainteté dans les légations, plusieurs missions qui avaient pour but d’entraver les progrès de la puissance française. Le général Berthier ayant envahi Rome, le directoire séquestra les biens de la maison Albani. Cette confiscation atteignit tous les membres de la famille, et la fameuse Villa-Albani, embellie nouvellement à tant de frais, et l’une des plus riches de Rome en monuments de sculpture antique, fut dépouillée de toutes ses richesses. Après que le sort des armes eut enlevé l’Italie aux Français, Jean-François fut un des cardinaux qui, au conclave de Venise, contribuèrent le plus à l’élection de Pie VII. Il revint ensuite à Rome où sa raison commença à s’altérer, à cause de son grand âge. Un valet de chambre, nommé Marianino, le gouvernait despotiquement. Jean-François le savait, mais il ne pouvait se soustraire à cette volonté, qui s’explique par des attentions, des flatteries, des complaisances auxquelles la vieillesse même des grands n’est pas toujours accoutumée. Les protections intéressées qu’accordait Marianino dans l’évêché de Velletri, où son maître avait le droit d’exercer une autoriié souveraine, excitèrent à la fin l’étonnement de Pie VII, qui un jour demanda au cardinal Jean-François ce que voulait dire ce principat de Marianino, qui était l’arbitre de toutes les affaires à Velletri. Le cardinal, qui sans doute n’avait pas perdu en ce moment toute la finesse de son esprit, répondit : « Ah ! très-saint Père, nous avons tous auprès de nous, plus ou moins, un Marianino. » Le cardinal voulait faire allusion à la grande confiance que Pie VII accordait à son ministre, le cardinal Consalvi. Jean-François mourut en 1809. Il ne s’était jamais montré persécuteur, et l’on sait que souvent il a rendu des services signalés, même aux Romains qui professaient d’autres principes que lui. — Albani (Annibal), cardinal, frère du précédent, a donné deux éditions élégantes : celle du Menologium romanum, Urbin, 1727, 3 vol. gr. in-fol., fig., et celle du Pontificale romanum, Bruxelles, 1735, 3 vol. in-8º, fig. en taille-douce, de Van-Horly. C’est à lui que l’on doit encore la collection des ouvrages du pape Clément XI, son oncle, Rome et Francfort, 1729, 2 vol. in-fol. Il en a fait les épîtres dédicatoires au collège des cardinaux et à Jean V, roi de Portugal, ainsi que la préface qui précède les harangues. A—d.

ALBANY (Louise-Marie-Caroline-Aloïse, comtesse d’), dont les chants d’Alfieri ont éternisé la mémoire, naquit à Mons, le 27 septembre 1753, d’une des plus anciennes maisons de l’Allemagne. Son père Gustave-Adolphe, prince de Stolberg-Goedern, lieutenant-général au service de l’Autriche et commandant de la forteresse de Nieuport, fut tué, en 1757, à la bataille de Leuthen, et ne laissa d’autre héritage à sa veuve et à ses quatre enfants qu’un nom illustré par ses exploits. La princesse Louise fut élevée dans un couvent de la Flandre, et passa ensuite dans un de ces chapitres institués pour servir d’asile aux personnes d’une haute naissance, qui se trouvent sans fortune. Résignée à son sort, elle se consolait de la triste uniformité de sa vie en cultivant la musique, le dessin et la poésie. A cette époque,