Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 56.djvu/150

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ble, et sa conversation extrêmement piquante. Après avoir passé une grande partie de sa vie à Venise, dont les usages avaient plus de conformité avec son caractère philosophique, rappelé dans le sein de sa ville natale par des affaires domestiques, il y mourut le 16 mars 1804. Albergati a surtout excellé dans les petites pièces en un acte ; plusieurs peuvent être regardées comme les meilleures que possède le théâtre italien. La plus renommée est sans contredit la comédie des Convulsions, où l’auteur a su jeter un ridicule sanglant sur ces maux de nerfs simulés qui, vers la fin du siècle dernier, furent à la mode en Italie, et dont les femmes se servaient si adroitement pour en imposer à leurs faibles maris. L—m—x.

ALBERGONI (le père Éleuthère), prédicateur italien, était né vers 1560, dans le Milanais. Ayant embrassé la vie religieuse dans l’ordre des mineurs conventuels, ou cordeliers, les talents qu’il montra pour la chaire étendirent bientôt sa réputation dans toute la Lombardie. Nommé provincial et consulteur du saint-office, il fut aussi pourvu de l’emploi de pénitencier du Dôme ou cathédrale de Milan. Les succès qu’il continuait d’obtenir dans la carrière évangélique fixèrent enfin sur lui l’attention du pape Paul V, qui le récompensa de son zèle en le nommant, en 1611, à l’évêché de Monmarani. Le père Eleuthère gouverna ce diocèse pendant vingt-cinq ans avec beaucoup de sagesse, et mourut en 1636. Outre trois volumes de Sermons, maintenant oubliés, on a de ce prélat un Traité des vertus chrétiennes, paraphrase des trois premiers versets du Magnificat ; une Concordance des évangiles, et une explication, en latin, de la doctrine de Scot. Ce dernier ouvrage, publié à Padoue en 1593, in-4º, a été réimprimé à Lyon en 1643. On peut consulter pour plus de détails Argelati, Scriptor. mediol., l. 15. W—s.

ALBÉRON Ier, évêque et prince de Liège, en 1120, n’était pas, comme on le dit communément, frère de Godefroid-le-Barbu, fils de Henri II, comte de Louvain, mais fils d’un premier mari d’Adélaïde, épouse de Henri II. C’était un prélat recommandable par la pureté de ses mœurs et la douceur de son caractère. Son règne n’est remarquable que par la suppression du droit de mainmorte qu’il abolit dans ses terres long-temps avant Henri III, duc de Brabant (Voy.. Brabant, V, 446). Ce droit, dit le laborieux M. Dewez, consistait dans l’obligation de céder au seigneur, quand un père de famille mourait, le plus beau meuble de la maison ; ou, pour le racheter, il fallait couper la main droite du défunt et la présenter au seigneur. Cette coutume singulière n’est rien moins que prouvée. M . Dewez a copié ces détails dans Desroches qui, ainsi que l’auteur de la Bibliothèque des coutumes et Furetière, les a empruntés au Magnum Chronicon Belgicum, d’où Chapeauville les avait extraits. Mais on n’en trouve aucune trace dans les monuments législatifs. Le savant Moser, dans ses Patriotisch fantasien, a prouvé que les serfs seuls n’étaient pas mainmortables, mais que des évêques même l’étaient à l’égard de l’empereur, des chapitres à l’égard des évêques, etc. Kluit a fait une dissertation curieuse sur cet objet, touchant lequel on trouve aussi des renseignements dans les Rerherches du chev. Diéricx, sur la ville