Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 84.djvu/75

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et cette magnificence dont l’influence, en ce temps-là, agissait sur toutes les classes de la société. A la fortune que sa famille possédait en Bourgogne, son père avait joint celle plus considérable encore des Harancourt, dont il avait été, par sa mère, l’unique héritier. Son père la lui avait abandonnée, et il en jouissait avec une grande libéralité. Le marquis de Bissy ne fut pas marié, il avait refusé les plus riches partis. Une liaison qui, à la cour, n’etait un secret pour personne, l’attachait depuis longtemps à une dame d’une famille illustre ; mais un obstacle insurmontable jusque-là s’était opposé à l’union des deux amants. Cet obstacle venait d’être levé, et l’union allait être enfin célébrée quand la mort vint frapper le marquis de Bissy.M—dj.

THIARD de Bissy (Auxonne-Théodore) était le fils du comte Claude, qui mourut en 1810, et le neveu du comte Henri-Charles, qui périt sur l’échafaud révolutionnaire en 1794, (voy. ces deux noms XLV, 394 et suiv.). Il fut le dernier rejeton de cette illustre race, étant mort en 1853, ne laissant que deux filles, dont l’une est devenue l’épouse du marquis de Bouillé et l’autre celle du marquis d’Étampes. Le comte de Thiard naquit en 1770, et fut, comme la plupart de ses ancêtres, destiné à la profession des armes. Selon l’usage, trop ordinaire à cette époque dans les plus grandes familles, il ne reçut pas une éducation très-soignée. Entré à quinze ans dans le régiment du roi infanterie, il s’y trouvait un des plus jeunes officiers, lorsque la révolution commença. Loin de s’en montrer partisan, comme il a fait plus tard, il concourut avec beaucoup de zèle, ainsi que la plupart de ses camarades, à la répression des désordres, auxquels se livra la garnison de Nancy en 1790 (voy. Bouillé, V, 311). Il émigra bientôt après, pour se rendre à l’armée des princes, où il n’obtint pas, dès son début, le grade qu’il croyait dû à sa naissance et surtout à sa vanité, qui fut toujours fort grande. Cependant il s’y tint d’abord assez bien et, doué de quelque valeur, il se fit remarquer dans plusieurs occasions. Mais contre toute attente, il arriva que dans le quartier d’hiver qui suivit la première campagne, se voyant relégué dans un triste village de la forêt Noire, il conçut la pensée de compléter son éducation qu’il reconnaissait lui-même être restée fort imparfaite, et se mit à lire chez un ministre protestant, où il était logé, des livres dont il n’avait pas même soupçonné l’existence. Comme ces livres étaient, ainsi que la plupart de ceux de cette époque, empreints de toutes les fausses doctrines du xviiie siècle, il s’opéra aussitôt en lui une révolution dont il a senti l’influence pendant le reste de sa vie. Il n’abandonna toutefois pas encore le drapeau de la monarchie, et continua de servir dans cette brave armée de Condé qui fut soumise à tant d’infortunes. On doit bien penser que, plus d’une fois, il eut à supporter pour ses nouvelles opinions de graves démêlés avec ses camarades ; ils allèrent jusqu’à le soupçonner de s’être mis, des lors secrètement, en relation avec le parti républicain qui dominait en France. Nous pensons qu’il était incapable d’une telle bassesse ; mais il est bien sûr que, dès ce temps là il faisait tous ses efforts pour sortir d’une position aussi embarrassante. Lorsque, vers le commencement de l’année 1800, peu de temps après