Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 84.djvu/80

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quer dans la résistance de la convention, lors de l’insurrection des faubourgs, au 13 prairial. J’ai toute estime pour la fermeté de Boissy d’Anglas, mais j’imagine qu’en saluant la téte sanglante de Féraud, le président de la convention dut avoir quelques souvenirs ou quelques remords des insurrections, que l’assemblée législative avait elle-même provoquées, et que ses amis les girondins avaient inspirées aux faubourgs. Les gouvernements, nés de l’insurrection ont pour premier châtiment l’insurrection elle-même. Thibaudeau fut un des membres du comité de l’instruction publique ; classique et quelque peu lettré, il y fit du bien à la manière des philosophes du xviiie siècle. Après le 9 thermidor, tenant le milieu entre les montagnards et les royalistes, il présida l’assemblée dans le mois d’avril 1795, et parla alors souvent des objets d’administration, présenta des rapports sur la marine, sur l’enseignement, et sur la suppression du maximum et des commissions exécutives. Il obtint ensuite la révision des lois révolutionnaires, et, ce qui causa un peu de surprise, il fit hautement l’éloge de l’ancien comité de salut public et de son système de gouvernement, déclarant qu’il n’aurait pas gouverné trois mois s’il n’avait pas eu le droit de vie et de mort sur la Convention elle-même. Dans l’émeute de germinal, an iii, il fit preuve de courage contre l’insurrection des démocrates, et fut aussitôt après nommé membre du comité de sûreté générale. Dans l’insurrection de prairial (20 mai 1795) qui suivit de près, il déploya encore beaucoup d’énergie et proposa des mesures de rigueur contre les chefs (Voyez Goujon, XVIII, 181, et Tissot dans ce volume), voulant qu’on s’en tînt à la déportation pour Collot, Billaud-Varennes et Barrère, avec qui il avait été plus particulièrement lié. Plus tard, il repoussa avec la même énergie les projets des royalistes qui dirigeaient les sections de Paris, aux approches du 13 Vendémiaire an iv, et se déclara prêt à combattre ce qu’il appelait l’anarchie royale, l’accusant hautement de vouloir décimer la convention et rétablir la monarchie. Deux jours après, il s’éleva avec force contre Tallien et Fréron qu’il accusa de favoriser l’anarchie, déjoue le projet, formé alors par le reste de la montagne réuni aux dantonistes de thermidor, de maintenir le gouvernement révolutionnaire, et mérita par sa vigueur à combattre ainsi toutes les factions le surnom de Barre de fer. Après la chute de la convention, il entra au conseil des Cinq-Cents, et ne se sépara pas plus de la politique du directoire qu’il ne l’avait fait de celle des comités de la convention, où il trouvait les régicides, ses anciens collègues. S’inquiètant moins des droits et de la liberté que du triomphe de la révolution, il s’associa franchement à toutes les mesures du directoire contre les divers partis qui troublaient la quiétude des satisfaits de la révolution. Intimement lié avec Régnauld de Saint-Jean d’Angély, il fut initié au mouvement du 18 brumaire en faveur de Bonaparte, et il ne vit dans le consulat que le gouvernement du comité de salut public qui se faisait homme dans une intelligcnce supérieure. Tous les intérêts de la révolution se trouvaient satisfaits ; Thibaudeau entra presque aussitôt au conseil