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à moins qu’on ne veuille, contre l’opinion unanime des savants, admettre comme authentique la prétendue édition qu’en a donnée Annius de Viterbe. L’époque où vécut Abydenus est aussi incertaine que sa véritable patrie. Le nom d’Abydus est commun à quatre villes, dont l’une est sur l’Hellespont, l’autre en Égypte, où étaient un temple d’Osiris et un palais de Memnon, et que Pline et Plutarque représentent comme une des plus anciennes et des plus importantes de ce pays célèbre ; une troisième dans la Macédoine, nommée Abyden, par Étienne de Byzance et par Suidas, qui citent Strabon : mais, dans ce géographe, on lit Amydon ; enfin, une quatrième dans la Iapygie, nommée par Eustathe. Si maintenant on se rappelle que Berose termina son ouvrage à Alexandrie, sous Ptolémée Philadelphe, il devient probable, quoique les critiques n’y aient pas encore pensé, que notre Abydenus, imitateur de Berose, a été un prêtre égyptien, attaché au temple d’Osiris à Abydus, et qu’il a vécu sous les premiers Ptolémées, lorsque le goût des lettres florissait encore à la cour d’Alexandrie. Quelques savants ont cru que ce même historien était cité dans Suidas ; on lit en effet dans ce lexicographe : Palœphatus-Abydenus historicus, etc. ; mais par la suite de l’article de Suidas, on voit que cet auteur était un disciple et ami d’Aristote, qui avait pour nom propre Palœphatus, et dont le surnom Abydenus le désigne comme natif Soit d’Abydus, sur l’Hellespont, soit d’Abydon, en Macédoine. Ce contemporain d’Aristote a pu écrire les Cypriaca, Deliaca et Attica, que Suidas lui attribue d’après Philon d’Héraclée et Théodore d’Illium ; mais les Arabica, ou l’Histoire d’Arabie, que Suidas attribue également à son Palœphalus-Abydenus, paraissent, à cause de la nature du sujet, devoir appartenir a l’auteur de l’Histoire des Assyriens et des Chaldéens : on a même cru que c’était seulement un titre différent du même ouvrage, attendu que la Chaldée a souvent été censée faire partie de l’Arabie. Nous croyons plutôt que l’Abydenus égyptien avait décrit dans cet ouvrage les guerres de Ptolémée Évergéte contre les peuples qui habitaient les deux bords de la mer Rouge, et qui ont été compris par beaucoup d’auteurs sous le nom général d’Arabes. Nous ne dissimulerons point que le célèbre J. G. Vossius, dans son ouvrage sur les historiens grecs, a mis en avant une hypothèse qui, si elle était prouvée, renverserait la nôtre : ce savant croit que le nom d’Abydenus, se trouvant souvent écrit Abudinus et Abidinus, est un nom propre d’homme. Mais Vossius n’ayant point donné de développements à son opinion, nous pouvons demander aux savants qu’ils prennent en considération la nôtre. M-B-n.


ACACE, surnommé Monophtalmus, le Borgne, vivait vers le milieu du 4e siècle, et fut élevé par Eusèbe, a qui il succéda, en 340, dans l’évêché de Césarée. Il se distingua aux conciles d’Antioche et de Sardes, et fut déposé dans ce dernier, avec plusieurs de ses frères ; mais ils formèrent un autre concile a Philippopolis, en Thrace, ou ils condamnèrent à leur tour la doctrine de leurs adversaires. Fort de la protection de l’empereur Constance, Acace fit déposer St. Cyrille, évêque de Jérusalem, et eut beaucoup de, part à l’exil du pape Libère. C’était un homme plein de savoir et d’éloquence, mais peu sincère, dominé par l’ambition et l’esprit d’intrigue. Il écrivit un grand nombre d’ouvrage, qui se sont perdus. Celui qu’on regrette le plus est une Vie d’Eusébe de Césarée, dont il avait été disciple. Il mourut vers l’an 365. On le considère comme le chef d’une branche d’Ariens, appelés de son nom : Acaiens. D-t.


ACACE de Bérée, né vers l’an 322, embrassa la vie monastique, fut chargé de plusieurs missions importantes par les évêques d’Antioche et de Bérée, parut avec distinction à Rome, ou il défendit la doctrine des deux natures en Jésus-Christ devant le pape Damase, et parvint à l’évêché de Bérée en 378. Il assista, en 381, au concile de Constantinople. Ses négociations auprès du pape Sirice firent cesser le schisme qui désolait depuis dix-sept ans l’Église d’Antioche. D’ami de St. Jean Chrysostome il devint un de ses plus ardents persécuteurs, en se joignant à Théophile d’Alexandrie. Le rôle qu’il joua dans cette occasion, et la part qu’il eut à l’ordination de Porphyre, qu’il fit placer sur le siége d’Antioche, lui attirèrent, de la part du pape, une sentence d’excommunication, qui ne fut levée qu’au bout de dix ans. Son grand âge ne lui permit pas d’assister au concile d’Éphèse. Il n’approuva pas d’abord les anathématismes de St. Cyrille ; mais il finit par se réunir aux évêques orthodoxes, après la condamnation de Nestorius. Il mourut à 110 ans. Sa conduite inégale dans les affaires de l’Église explique la variation dans les jugements à son sujet. Il était lié avec St. Épiphane et St. Flavien. Ses Lettres, qui se trouvent dans le recueil des conciles du P. Lupus et dans celui de Baluze, annoncent qu’il n’était pas trop favorable A St. Cyrille dans l’affaire de Nestorius. T-d.


ACACE, évêque d’Amide, sur le Tigre, vers l’an 420, vendit les vases d’or et d’argent de son église, pour racheter 7,000 esclaves persans. Il subvint à leurs nombreux besoins, et les renvoya à leur roi. Ce prince, touché de cette générosité, demanda une entrevue au respectable évêque, et ce fut principalement à leurs entretiens qu’on attribua la paix qui eut lieu entre le monarque persan et l’empereur Théodose le Jeune. X-y.


ACACE, patriarche de Constantinople, parvint à cette dignité en 471. Il y porta un caractère ambitieux, entreprenant et versatile. Le premier but d’Acace fut de s’élever, et il ne se rendit pas difficile sur le choix des moyens. Il essaya de faire reconnaître la suprématie de son Église sur celles d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem. Forcé de ployer sous l’autorité du pape Simplicius, il chercha bientôt l’appui de ce pontife contre l’empereur Basilisque, qui favorisait Pierre le Foulon, l’un des zélés défenseurs de l’hérésie d’Eutychés. Acace souleva Constantinople, et Basilisque ayant été renversé par Zénon, et s’étant réfugié dans une église, le patriarche l’en arracha et le livra au nouvel empereur. Les vices et l’hérésie de celui-ci ne trouvèrent plus dans Acace un ennemi redoutable. Las de tromper