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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/13

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DISCOURS PRÉLIMINAIRE

couleur ; et certaines autres, traitées pourtant par un publiciste ingénieux, dans lesquelles on a pu remarquer une négligence systématique ou involontaire des souvenirs de notre antiquité nationale.

Des progrès encore plus sensibles ont été faits dans l’étude des annales étrangères. Les orientalistes modernes ont soulevé la plus grande partie du voile mystérieux qui dérobait à nos regards le berceau des peuples et de la civilisation de l’Asie. Grâce aux travaux d’Anquetil-Duperron, de W. Jones, de Wilfort, d’Abel de Rémusat, de Wilson, de Coolebrooke et de leurs savants continuateurs ; grâce aux patientes et courageuses explorations de Champollion, nous possédons maintenant des notions étendues et rationnelles sur l’Égypte, l’Inde et la Chine ; sur leurs systèmes de philosophie, de théologie ; sur leur antiquité sociale et littéraire. Enfin, en Orient comme en Occident, de grandes existences oubliées ou perdues dans la nuit des âges, des guerriers, des poëtes, des philosophes qui ont influé sur leurs pays ou sur leur siècle, ont été remis en scène et rétablis dans leur importance historique, par la sagacité avec laquelle de savants investigateurs ont su depuis quelques années, renouer la chaîne des traditions.

Ces erreurs à rectifier, ces lacunes à combler, qui nuisent à l’ensemble et à la majesté de l’œuvre, cet ensemble lui-même et ses détails à mettre au niveau de l’état de la science et des connaissances actuelles, telles sont les principales réformes que nous devons réaliser.

Pour remplir convenablement cette tache délicate, la nouvelle édition, dont la révision est spécialement confiée aux soins et à la capacité d’un jeune savant, M. Winter, s’appuiera sur les talents les plus distingués de l’Académie et de l’université. Elle s’est en outre assuré le concours de tous ces hommes dont le nom rappelle une vie toute consacrée aux travaux de l’histoire et de la philosophie, deux sciences inséparables. Cette aristocratie du savoir sera suivie et secondée par de jeunes littérateurs, pénétrés de ces fortes études historiques qui sont une des gloires de notre époque.

Quant à la partie bibliographique, on n’a point oublié que MM. Pillet, Beuchot, de Fortia, Lefebvre et Philbert l’ont successivement traitée, revue et complétée dans tous les volumes de la première édition ; les sages et immenses travaux de M. Weiss ont surtout acquis, dans cette partie si piquante et si précieuse de la collaboration, une célébrité aujourd’hui européenne ; la seconde édition, avec l’aide des mêmes bibliographes qui profiteront des faits acquis à la critique et spécialement par les lumineuses recherches de M. Brunet, acquerra sur ce point toute la perfection désirable.

Enfin, tous les jours la mort lègue à l’histoire une foule de noms diversement, inégalement célèbres, qui pour nous ont d’autant plus d’attrait qu’ils se mêlent et s’incorporent à toutes ces grandes vicissitudes dont nos générations gardent l’empreinte et le souvenir. Sous ce rapport, nous offrirons un ouvrage tout à fait nouveau, destiné à remplir avec assurance la carrière dont le Supplément lui-même n’avait pu atteindre le but.

Ainsi la nouvelle édition de la Biographie universelle peut être considérée à la fois comme la fusion et le complément de deux grands ouvrages, avec lesquels elle est identique par sa nature, mais dont elle se distingue par toutes les dissemblances qui caractérisent les époques de leur publication respective. Elle rangera la première édition, le