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gardait précieusement ; il consulta ensuite le Seigneur pour savoir ce que David avait à faire. Doëg, qui se trouvait alors à Nobé, alla aussitôt rapporter toutes ces circonstances a Saül qui, dans sa colère, fit passer au fil de l’épée Achimélech, ainsi que tous les prêtres, au nombre de quatre-vingt-cinq, et tous les habitants de Nobé. Cette ville fut rasée par son ordre ; Abiathar, l’un des enfants d’Achimélech, échappe seul à ce massacre. T-d.


ACHIOR, chef des Ammonites qui servaient comme auxiliaires dans l’armée d’Holopherne, général de Nabuchodonosor, au siége de Béthulie. Interrogé par ce général sur la situation des Juifs, il vanta les mœurs, les lois de ce peuple, et raconta les effets merveilleux de la protection de Dieu dans toutes les circonstances où ils étaient restés fidèles à ses commandements. « S’ils se sont rendus coupables de quelques prévarications, ajouta Achior, leur Dieu nous les livrera, et nous ne risquons rien de les attaquer ; mais, autrement, il prendra leur défense, et nous serons couverts de confusion. » À ce discours, les officiers de l’armée voulurent le massacrer ; mais Holopherne se contenta de le faire lier à un arbre sous les murs de Béthulie, pour que les assiégés vinssent le délivrer et l’emmenassent avec eux, se proposant de le faire passer au fil de l’épée, avec tous les habitants de Béthulie, quand il se serait emparé de la ville. Les Juifs se saisirent en effet d’Achior, qui les toucha de compassion en leur racontant son aventure. Ozias, chef du peuple, le reçut dans sa maison. Béthulie ayant été ensuite délivrée par Judith, Achior se fit circoncire, et fut reçu parmi les enfants d’Israël : il y termina ses jours. C-T.


ACHIS. Voyez David.


ACHITOPHEL, natif de Gilo, fut longtemps l’ami de David, qui regardait ses conseils comme venant de Dieu même ; mais il abandonna ce prince pour passer dans le parti d’Absalon, et le Seigneur confondit tous les conseils qu’il donna, à ce fils rebelle. Ce fut Achitophel qui, pour ôter tout espoir de réconciliation entre les deux princes, porta le fils à abuser publiquement des concubines de son père. Ce ministre perfide, furieux de voir que le fidèle Chuzaï avait fait échouer son projet de surprendre David qui n’aurait pu lui échapper, se retira dans la ville de Gilo, et se pendit de désespoir, l’an 1033 avant J.-C. T-d.


ACHMET, fils de Seirim, vivait, à ce qu’on croit, l’an 820 de notre ère. Il a écrit en arabe un ouvrage sur l’interprétation des songes, suivant la doctrine des Indiens, des Perses et des Égyptiens. L’original de cet ouvrage est perdu, mais il a été traduit en grec. Nic. Rigault l’a fait imprimer en grec et en latin, à la suite de l’Onirocritique d’Artémidore, Paris, in-4o, 1603. C-r.


ACHMET, fils aîné de Bajazet II, avait le gouvernement d’Iconium, dans la Natolie, lorsque le sultan, son père, voulant abdiquer en sa faveur, le nomma son héritier, et l’invita à venir s’asseoir sur le trône à sa place ; mais c’était Sélim que les vœux secrets des janissaires et des grands appelaient à régner : Bajazet, vieux et infirme, ne put faire reconnaître son choix ; il lui fallut combattre le rival d’Achmet, Sélim, son second fils, qui, d’abord vaincu et mis en fuite, ne tarda pas à reparaître triomphant et à venir braver son père jusque dans Constantinople. Un parricide fit descendre Bajazet II dans la tombe, et monter Sélim Ier sur le trône. Achmet, ne doutant pas que le même sort ne lui fût réservé, voulut prévenir son frère, et prit les armes pour défendre sa vie. Sélim, à peine couronné, passa le Bosphore, et marcha contre lui. Achmet, déterminé a vaincre ou à périr, fut accablé par le nombre ; ses soldats restèrent presque tous sur la place, et lui-même, engagé sous son cheval, fut blessé et amené devant le cruel Sélim, qui le fit étrangler sous ses yeux. Ce malheureux prince fut enterré à Pruse, en Bithynie, l’an de l’hégire 918 (1312 de J.-C.). S-y.


ACHMET Ier, 14e sultan des Ottomans, 3e fils de Mahomet III, monta sur le trône à quinze ans, l’an de l’hégire 1012 (1603 de J.-C.) : c’était la première fois que les rênes de l’empire tombaient en d’aussi jeunes mains. Loin d’imiter la cruauté de son père, Achmet fut humain, en épargnant les jours de son frère Mustapha, qui devint depuis son successeur. Il choisit de bons ministres, et les conserva longtemps. Son premier soin fut de combattre les rebelles d’Asie, dont la révolte le mit aux prises avec le sophi de Perse, Schah-Abbas, qui les avait favorisés. Les armées d’Achmet furent repoussées ; mais cet échec n’eut aucune suite fâcheuse pour le sultan, et, peu de temps après, il donna aux mécontents de la Hongrie et de la Transylvanie, armés contre l’empereur Rodolphe II, les mêmes secours que les sophis avaient accordés à ses sujets révoltés. Le luthéranisme persécuté était le prétexte, et l’ambition, le motif de ces guerres. Les Ottomans, y intervenant, s’emparèrent, au nom d’Achmet, de la ville de Gran, dont le traité de Comorn, en 1606, lui laissa la souveraineté. Ainsi, arbitre et protecteur des Hongrois, des Transylvains et des Moldaves, mais plus pacifique que guerrier, il négocia sans humiliation avec les Persans, et, s’il ne put vaincre Schah-Abbas, il força du moins son orgueil à payer tribut pour ses conquêtes. Achmet porta le sceptre avec plus de modération et d’équité que de gloire. Des traités utiles au bonheur de ses peuples n’ajoutèrent pas d’éclat à son nom, mais firent aimer et respecter son caractère. Sa modération, toutefois, ressembla souvent à l’indolence, et son goût pour les plaisirs ne peut être révoqué en doute. Il passa la plus grande partie de son temps dans son harem et à la chasse. On dit qu’il avait un sérail de 3,000 femmes ; le nombre de ses seuls fauconniers, dans son domaine, était de 40,000. Quelque louable et juste qu’ait été ce prince, les musulmans, qui ne reconnaissent le droit de bâtir une mosquée qu’à leurs souverains guerriers et conquérants, virent avec scandale Achmet Ier élever, dans l’Atmülan, le superbe édifice qui a reçu de lui le nom de Sultan Achmet Igionni, et le mufti ne craignit pas de déclarer que les prières des vrais croyants n’y