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ACI

tentions. Pour acquitter un vœu qu’il avait fait avant la bataille des Thermopyles, Acilius fit construire à Rome un temple dit de la piété, qui fut ainsi nommé, parce qu’on l’éleva au lieu où avait été la prison dans laquelle une jeune femme, appelée Térentia, avait allaité son père condamné a mourir de faim. Le fils de Manius Acilius, étant décemvir, fit la consécration de ce temple, et y plaça la statue de son père en or pur. Jusqu’alors, on n’avait encore vu aucune statue de ce métal ni à Rome, ni dans le reste de l’Italie. D-t.


ACILIUS GLABRIO, consul sous Domitien, l’an 91 de J.-C., avec M. Ulpius Trajan, qui depuis parvint à l’empire, était d’une force et d’une adresse extraordinaires. C’en fut assez pour que l’empereur, qui ne voyait dans les plus distingués des citoyens que les jouets de ses caprices, l’obligeât à descendre dans l’arène, pendant son consulat, et à y combattre un lion d’une grandeur prodigieuse. Glabrio le tua sans même avoir été blessé ; le peuple applaudit à son courage et poussa de grands cris de joie ; mais ces acclamations causèrent la perte de Glabrio : Domitien, jaloux de ce qu’il les avait excitées, le bannit sous un prétexte frivole, et, quatre années après, le fît mourir comme coupable d’avoir tenté de troubler l’État.. Baronius a prétendu que l’attachement d’Acilius à la religion chrétienne fut la cause de sa mort ; mais Dion, dont il invoque le témoignage, n’a rien dit qui pût autoriser cette assertion. D-t.


ACINDYNIUS (Septimus), consul avec Valérius Proculus, l’an 340 de Rome, est surtout connu par un fait assez remarquable qui eut lieu à Antioche, lorsqu’il était gouverneur de cette ville, et que St. Augustin a rapporté. Un homme qui ne payait point au fisc la livre d’or à laquelle on l’avait imposé, fut mis en prison par ordre d’Acindynus, qui déclara qu’il le ferait mourir, si, à un jour marqué, il ne s’acquittait pas. Le prisonnier avait une très-belle femme, dont un homme fort riche était épris : ce dernier saisit l’occasion, et offrit la livre d’or à la femme, à condition qu’elle écouterait sa passion ; elle crut ne devoir prendre aucun parti sans consulter son mari. Celui-ci, plus sensible à la conservation de ses jours qu’à celle de son honneur, lui ordonna de se rendre à des désirs si peu délicats ; elle obéit, et reçut dans une bourse l’or qui lui avait été promis ; mais cet homme, méprisable sous tous les rapports, y en substitua une autre qui ne contenait que de la terre. Aussitôt qu’elle eut reconnu la fraude, la femme alla se plaindre au gouverneur, et lui raconta ingénument la vérité. Acindynus se reconnut coupable d’avoir, par ses rigueurs, réduit les deux époux à cette extrémité. Il se condamna à payer au fisc la livre d’or, et adjugea à la femme le champ d’où provenait la terre trouvée dans la bourse. Bayle et d’autres biographes ont cru qu’il importait d’examiner si, d’après la manière dont St. Augustin raconte cette aventure, il approuve ou non la conduite de cette femme. Bayle soutient l’affirmative, et a trouvé de nombreux contradicteurs. Quoi qu’il en soit, des phrases de St. Augustin, citées par Bayle, prouvent au moins que ce saint n’avait pas sur cette affaire des idées bien fixes. D-t.

ACINDYNUS (Grégoire), moine grec du 14e siècle, se déclara contre Grégoire de Polamas, et contre les moines du mont Athos, espèce de quiétistes qui, s’imaginant voir dans leurs contemplations la gloire de Dieu apparue sur le Thabor, soutenaient qu’elle était incréée et incorruptible, quoiqu’elle ne fût pas l’essence divine. Acindynus mit beaucoup de chaleur dans cette dispute ; ses adversaires l’accusèrent de croire à cette lumière créée et finie. L’empereur Jean Cantacuzène se déclara pour eux. Le synode de Constantinople condamna le sentiment et la personne d’Acindynus. Celui-ci, obligé de se cacher, composa divers écrits en faveur de la doctrine proscrite. Gretser a fait imprimer son traité de Essantia u oporotione Dei, en grec et en latin, Ingolstadt, 1616, in-4o. On trouve dans la Grèce orthodoxe d’Allatius un poème qu’il avait composé contre Palamas, avec des fragments d’autres ouvrages. T-d.


ACKER (J.-Henri), savant professeur dans l’université d’Iéna, a donné deux ouvrages estimés, sous ces titres : 1° Epistolœ J. Sturmii Hieronymi Osorii et aliorum ad Rogerum Aschanium, cum ejusdem epistolis nunquam seorsim editis, 1707, in-8o, avec des notes sur les savants dont il rapporte les lettres ; 2° Dissertation latine sur les éloges ridicules ; elle a été insérée dans le t. 2 des Miscellanae lipsiensia, Leipsick, 1713, 3 vol. in-4o. C. T-Y.


ACKERMANN (Conrad). comédien célèbre, que les Allemands regardent comme le créateur de leur théâtre, naquit au commencement du 18e siècle. Il monta fort jeune sur la scène et fit avec une troupe plusieurs voyages très-lucratifs à Moscou et à St-Pétersbourg. Il établit ensuite un théâtre à Kœnigsberg, puis à Hambourg, en 1769. Ce dernier établissement, qui fait époque dans l’histoire dramatique de l’Allemagne, dut à Leasing une partie de ses succès. Ackermann excellait dans les rôles comiques ; il mourut à Hambourg, en 1771. — Sa femme, Sophie-Charlotte Biereichel, était une actrice fort distinguée ; elle saisissait surtout avec une rare intelligence l’esprit et les finesses de ses rôles ; elle survécut à son mari jusqu’en 1792 ; — Rodolphe Ackermann Saxon, né en 1764, fut en Angleterre, avec le chimiste Accum, un des inventeurs de l’éclairage par le gaz hydrogène. G-t.


ACKERMANN (Jean-Christian Gottlieb), professeur de médecine à Altdorf, en Franconie, naquit en 1756, à Zeulenrode, dans la haute Saxe, et mourut à Altdorf, en 1801. Fils d’un médecin, il s’appliqua des son enfance à l’étude de la médecine, et, à peine âgé de quinze ans, il sauva plusieurs de ses amis d’une épidémie qui régnait dans Otterndorf. Il acheva ses études à Iéna et à Goettingue, sous Baldinger, et acquit des connaissances classiques fort étendues en suivant les cours du célèbre Heyne. Après avoir pratiqué longtemps son art dans sa patrie et s’être distingué par des traductions d’excellents ouvrages italiens, français et anglais, ainsi que par des compositions originales, il fut nommé professeur de médecine à Altdorf, ou il occupa successivement diverses places. Son habileté pratique égalait sa science théorique. Il fut membre de plusieurs