Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
ADE

employer les pierres à la construction de l’église ; un couvent magnifique s’éleva par ses ordres. L’inimitié des ducs de Saxe n’arrêta ni ses intrigues, ni ses projets ; il avait pour les princes temporels une aversion déclarée, et ne s’inclinait jamais devant eux. Il accompagna néanmoins l’empereur dans ses voyages en Italie, en Flandre, en Hongrie, et lui servit partout de négociateur. À Rome, en 1046, il eût pu obtenir la tiare ; mais il aima mieux la faire donner à Svidger, évêque de Bamberg, sous le nom de Clément II. En 1051, il dirigea le concile de Mayence. L’empereur le comblait tous les jours de nouveaux bienfaits, et l’Europe entière lui témoignait une haute considération ; il reçut du roi de France et de l’empereur grec d’honorables marques d’estime et d’amitié. L’influence dont il jouissait dans les États du Nord était telle, que le roi de Danemark, Suénon, qui avait épousé une de ses proches parentes, fut forcé de la répudier, par les ordres de l’archevêque, qui le menaçait de l’excommunication. Non moins, actif qu’impérieux, Adelbert multiplia et protégea les missions chrétiennes dans les États des souverains qu’il assujettit au pouvoir ecclésiastique, Le désir d’ériger son archevêché en patriarcat l’occupa sans cesse ; le soin du christianisme naissant chez les barbares septentrionaux lui fournit un prétexte spécieux ; mais la mort de Henri III attira dans l’Allemagne méridionale son activité et son ambition. Appelé à la régence pendant la minorité de Henri IV, il exerça le souverain pouvoir avec le despotisme qui lui était naturel. Peu inquiet de la haine de ses ennemis, tant qu’ils n’aspiraient pas à devenir ses rivaux, il ne chercha point à s’entourer de partisans, et sembla ne vouloir que des flatteurs. Comme son amour-propre égalait son ambition, il désirait presque autant être loué que de régner. « Au milieu de la plus violente colère, dit Adam de Brême, son historien, il se laissait apaiser par une flatterie, et ses regards, naguère irrités, se tournaient avec un sourire gracieux vers l’adroit complaisant. » Séduit par son goût pour le faste et l’éclat, il porta ses projets et ses dépenses au delà de ses moyens ; son diocèse fut chargé d’impôts ; les grands et le peuple se soulevèrent. Henri fut sommé de le renvoyer ou d’abdiquer. Adelbert sut engager l’empereur à s’enfuir la nuit suivante, avec les joyaux de la couronne ; mais le projet transpira ; le palais fut entouré, et peu s’en fallut que l’archevêque ne devint la victime de son opiniâtreté. De retour dans ses propres États, il eut à soutenir une guerre désastreuse contre Ordulf, duc de Saxe, et son fils Magnus. Vaincu, fugitif, dépouillé des deux tiers de ses domaines, il se voyait réduit dans Brème à une existence tranquille presque obscure, lorsqu’il fut rappelé à la cour impériale, où ses ennemis avaient cessé de dominer. Il reprit avec ardeur la direction des affaires ; mais l’âge avait diminué les forces de son esprit : une sombre mélancolie s’empara de son esprit, et il mourut a Goslar, le 16 mars 1072, lassé, mais non rassasié de faste et de pouvoir. G-t.


ADELBOLD, 19e évêque d’Utrecht, né vers la a fin du 10e siècle, d’une famille noble de l’évêché de Liège, fit ses études avec un grand succès dans cette ville et dans les écoles de Reims. Il fut, dans la première de ces deux villes, élève de Notger, qui en était évêque. Sa réputation de savant s’étendit en Allemagne, et l’empereur Henri II, l’ayant attiré à sa cour, l’admit dans son conseil, le nomma son chancelier, et lui fit obtenir le siége épiscopal d’Utrecht. Cette faveur augmenta son ambition, et le jeta dans des entreprises peu convenables pour son état. Ne pouvant obtenir du comte Didéric la cession de Merwe, île située entre la Meuse et le Wahal, il prit les armes et ravagea la Hollande. Non content de cette vengeance, il rendit le comte suspect à l’empereur, lui suscita d’autres ennemis, tels que l’évêque de Cologne et le duc de Lorraine ; et, aidé de leurs secours, il fit longtemps à Didéric une guerre sanglante. Forcé enfin de faire la paix, il cultiva les sciences, fonda des églises dans son diocèse, et montra un grand zèle pour la religion. La cathédrale que Baldoïcus avait fait commencer à Utrecht fut abattue par ses ordres, et remplacée par une autre beaucoup plus belle, dont il reste encore une partie. Quand cet édifice fut achevé, la dédicace s’en fit en présence de l’empereur et de douze évêques. Adelbold rebâtit aussi et fonda la collégiale de Riel. L’activité avec laquelle il travaillait à la prospérité de son évêché ne cessa qu’à sa mort, le 27 novembre 1027. Ce prélat a écrit la vie de son bienfaiteur, Henri II ; ouvrage estimable, mais dont il ne reste plus que la première partie. La préface contient des règles très-judicieuses sur les devoirs d’un historien, règles dont Adelbold ne s’est point écartée ; la fidélité et l’exactitude qu’on remarque dans son ouvrage font regretter qu’il ne soit pas parvenu tout entier jusqu’à nous. Ce précieux fragment a paru, pour la première fois, dans les Vies des Saints de Bamberg, données par Gretser, en 1611, puis dans Surius et dans les Bollandistes. Leibnitz l’a fait réimprimer dans le 1er vol. des Script rer Brunswic. On a aussi de ce savant prélat un traite de Ratione inveniendi crassitudinem Sphœræ, précédé d’une lettre au pape Silvestre II, son ancien maître à Reims, et inséré par B. Pez, dans le 2° vol. de son Thesaurus anecdotorum. Les bibliothèques renferment en outre divers ouvrages et manuscrits d’Adelbold, tels que la Vie de Ste. Walburge, Éloge de la Ste. Vierge, les Louanges de la Croix, quelques Sermons, etc. Son style, clair, facile, et même élégant, le place parmi les bons écrivains de son siècle. D-g.


ADELBURNER (Michel), mathématicien et médecin, né à Nuremberg, en 1702, fils d’un libraire. Destiné à la même profession, il s’appliqua à l’étude des sciences, et suivit plusieurs cours à Altdorf. En 1735, il publia son Commercium Astronomicum, qui le fit nommer membre de l’Académie royale des sciences de Prusse. Appelé en 1745 à Altdorf, pour y donner des leçons de mathématiques et de physique, il fut fait professeur de logique en 1746, et mourut en 1779. Ses principaux écrits sont : 1° Commercium litterarum ad Astronomiæ incrementum inter hujus scientiæ amatores communs consilio institutum, Nuremberg, in-8o ; 2° Phéno-