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des Francs, tandis que les murs des villes les mettaient à couvert des insultes des infidèles. Adelgise lui-même n’avait pas moins à se plaindre que ses sujets. Il était devenu vassal de l’empereur d’Occident ; tous les ordres étaient donnés dans ses États, dans sa capitale, dans son propre palais, par un monarque étranger ; Angelberga, femme de l’empereur, faisait sentir davantage encore la pesanteur du joug impose aux Bénéventins. L’orgueil et l’avarice de cette princesse étaient également insupportables ; elle affectait en toute occasion de témoigner son mépris pour les Lombards, et d’humilier la nation au milieu de laquelle elle se trouvait. Le sultan de Bari, toujours prisonnier d’Adelgise, jouissait des humiliations qu’éprouvait son vainqueur. Mais, après que Louis l’eut vengé du prince de Bénévent, il voulut que celui-ci le vengeât de Louis. Dans ce dessein, il éveilla son ressentiment, échauffa sa colère, rendit plus sensibles toutes les mortifications qu’il lui voyait éprouver, et l’engagea enfin dans une conjuration contre l’empereur. L’armée des Francs, qui était dispersée dans les villes et les châteaux du duché de Bénévent, fut attaquée et désarmée partout en même temps par les Lombards (25 juin 871) : à midi, Adelgise, suivi des conjures, se présenta devant la porte du palais ; la garde française se mit en défense ; mais les Bénéventins mirent le feu aux portes, et Louis fut contraint à se réfugier avec sa femme dans une tour élevée, où il se défendit jusqu’à ce que la faim le forçât à se rendre. Adelgise n’eut pas plutôt l’empereur d’Occident entre ses mains, qu’il vit avec effroi les conséquences de son entreprise. Les monarques carlovingiens, qui occupaient presque tous les trônes de l’Europe, se préparaient à délivrer et à venger le chef de leur maison ; tous les feudataires de Louis et tous ses soldats se mettaient en mouvement pour venir à son aide ; en même temps, une nouvelle armée de-Sarrasins avait débarque à Salerne et menaçait Les Lombards. Adelgise, effrayé, offrit à son prisonnier de traiter avec lui, et lui rendit la liberté le 17 septembre, ainsi qu’à sa femme et à sa fille, après lui avoir fait prêter le serment le plus solennelle de ne jamais tirer vengeance de l’affront qu’il avait reçu, et de ne jamais rentrer lui-même ou renvoyer d’armée dans le duché de Bénévent. Mais, après une aussi mortelle offense, les serments du monarque étaient une faible garantie pour Adelgise. Dans une diète du royaume d’Italie et de l’Empire, tenue à Rome. Adelgise fut déclare ennemi de la république et du sénat romain ; le pape Adrien II dégagea Louis de son serment. Celui-ci ne voulut pas cependant conduire lui-même son armée dans le duché de Bénévent ; mais il en donna le commandement à sa femme, moins pour éviter le parjure qui pour n’être pas enveloppé dans son châtiment, si Dieu voulait le châtier. Adelgise opposa une égale bravoure à l’armée d’Ermengarde, à celle des Sarrasins débarqués devant Salerne, et à une troisième armée que Louis, qui avait surmonté ses scrupules, conduisit contre lui, en 873. Le pape Jean VIII, voyant alors que l’empereur commençait à désespérer du succès, rétablit la paix entre ces deux souverains. Chaque année cependant, les Sarrasins, maîtres de la Sicile, faisaient de nouvelles tentatives sur les côtes d’Italie, et Adelgise, épuisé par de longues guerres, ne luttait plus contre eux qu’avec désavantage. Il éprouva deux grandes défaites en 875 et 876, et fut contraint d’acheter la paix à des conditions honteuses. Il mourut peu après, en 878 ou 879, assassiné par ses gendres et ses neveux. Gaiderise, fils de sa fille, fut élu pour lui succéder. S-S-i.


ADELGREIFF (Jean-Albert), lunatique du 17e siècle, était fils naturel d’un curé de village, près d’Elbing. Il disait que sept anges l’avaient chargé de représenter Dieu sur la terre, d’en bannir le mal, et de battre les souverains avec des verges de fer. Il se donnait les titres d’empereur, roi du royaume des cieux, Dieu le père, juge des vivants et des morts, etc, Ces prétentions étaient dangereuses, dans un siècle ou la folie n’excusait pas l’impiété. Il fut arrêté à Kœnigsberg, accusé d’hérésie, de magie, condamné à mort, et exécuté le 11 octobre 1636. Il savait parfaitement le grec, le latin, l’hébreu et plusieurs langues modernes. En mourant, il soutint qu’il ressusciterait le troisième jour. Ses douze articles de foi furent supprimés avec tous ses écrits. G-t.


ADELMAN, clerc de l’Église de Liège, où il fut fait préfet des écoles, dans le 11e siècle, avait fait ses études à Chartres, sous le célèbre Fulbert, et y avait eu pour condisciple Bérenger. Il écrivit à cet hérésiarque, qui niait la présence du corps et du sang de Jésus-Christ dans l’eucharistie, une lettre pour le ramener à la foi de l’Église. Nommé, en 1048, à l’évêché de Brescia, il mourut dans cette ville, en 1060. Sa lettre à Bérenger fut imprimée pour la première fois à Louvain, avec d’autres écrits sur la même matière, en 1551. Elle a reparu dans les différentes éditions de la Bibliothèque des Pères, Paris. 1575, 1581, etc. Le chanoine Gagliardi en a donné une édition avec des notes, à la fin des sermons de St. Gandence, Patavii, Typis Jos. Comini, 1720. in-4°. Adelman composa un poème rythmique : de Viris illustrious sui temporis. Ce poème est nommé alphabétique, parce que chacun des tercets qui le composent commence par une des lettres de l’alphabet. Il a été publié pour la première fois par Mabillon, dans le tome 1er de ses Analecta, et conjointement avec la lettre sur l’eucharistie, dans l’édition ci-dessus, donnée par le chanoine Gagliardi. G-é.


ADELSTAN, ou ATHELSTAN, 8e roi d’Angleterre, de la dynastie saxonne. Fils naturel d’Édouard l’Ancien (voy. ce nom), l’amour et les suffrages du peuple le portèrent sur le trône en 925 de préférence à ses deux frères qui, rendant eux-mêmes justice à son mérite, le laissèrent régner paisiblement. Il remplit l’espérance qu’on avait conçue de lui. Dans ces temps où l’on voyait peu de vertus sans tache et peu de héros qui ne fussent trop souvent barbares, Adelstan est cité pour n’avoir jamais répandu que le sang de ses ennemis ; à la tête de ses armées et dans des guerres justes. Un seigneur anglais conspira contre lui, fut découvert et légalement convaincu ; sa seule punition fut d’être exilé du pays qu’il avait voulu troubler. Les Danois de Northumbrie, ou